La marée noire dans le golfe du Mexique constitue une menace pour la langue française en Louisiane, selon Warren Perrin, président du Conseil pour le développement du français en Louisiane.

«La catastrophe a surtout touché la côte de la Louisiane, et c'est là où l'on compte le plus de familles qui parlent le français», a-t-il souligné hier lors d'un entretien téléphonique avec La Presse.

Warren Perrin ne craint pas l'exode des familles francophones. Certes, plusieurs pêcheurs sont privés de leur gagne-pain depuis la catastrophe, mais, selon lui, les Acadiens sont trop attachés à leur terre pour la quitter.

M. Perrin redoute plutôt les conséquences économiques de la marée noire sur les ressources allouées à la langue française. «Lorsque les ressources sont limitées, c'est d'abord le milieu de l'éducation qui en souffre», a-t-il indiqué.

La récession a déjà eu un impact important sur le financement des programmes de français, selon M. Perrin. Le budget du Conseil pour le développement du français en Louisiane a chuté de 60% depuis deux ans. Au printemps, l'Université Nicholls State, à Thibodaux, a annoncé qu'elle fermait ses programmes en français.

«La catastrophe pétrolière va nécessairement aggraver le problème», selon Warren Perrin, qui abordera la question aujourd'hui lors d'une conférence à l'hôtel Le Reine Elizabeth.

Toutefois, à long terme, la fuite de pétrole pourrait, selon lui, avoir un effet bénéfique sur la culture cajun. «Ça pourrait mettre l'éclairage sur la question du français : les gens vont comprendre que si on perd la côte, on perd aussi la langue», a-t-il dit.

Selon le recensement de 2000, la Louisiane compte près de 200 000 francophones, ce qui représente 4,7% de la population.

Recours collectif

M. Perrin, avocat, est à Montréal dans le cadre du 20e anniversaire de la création de la section francophone du Barreau de la Louisiane.

En plus d'être engagé dans le dossier de la langue française, il prépare actuellement un recours collectif contre la société BP avec neuf autres bureaux d'avocats de la région du golfe du Mexique. À lui seul, M. Perrin représente 3000 pêcheurs et restaurateurs de Louisiane.

L'avocat déplore que la société britannique tarde à distribuer les 20 milliards qu'elle s'est engagée à verser aux sinistrés au mois de juin. Warren Perrin représente notamment un homme qui a vendu son restaurant parce qu'il ne pouvait plus s'approvisionner en poissons. Il connaît également une famille de Lafayette qui s'apprête à vendre sa maison puisque l'homme est privé de revenus.

«C'est astheure qu'ils ont besoin de l'argent, et c'est astheure qu'il faut les payer», a-t-il conclu.