Au centième jour de la marée noire, les Américains avaient mercredi l'espoir que la catastrophe soit en partie derrière eux, alors que le gouvernement maintenait BP sous pression pour qu'il finisse le travail dans le golfe du Mexique.

La fuite ne crache plus de brut depuis le 15 juillet, et les traces de la pollution, considérée comme la plus grave de ce type dans l'histoire américaine, sont désormais difficiles à détecter.

La Maison-Blanche n'en a pas moins accueilli froidement le remplacement par un Américain de Tony Hayward, le patron du géant pétrolier britannique.

«C'est un jour très triste pour moi. Que ce soit juste ou injuste n'est pas le problème. Je suis devenu le visage public (du groupe) et j'ai été diabolisé et vilipendé», avait affirmé M. Hayward lors d'une conférence téléphonique suivant l'annonce de sa démission prenant effet en octobre.

«Ce qui n'est pas juste, c'est ce qui s'est passé dans le Golfe. Ce qui n'est pas juste, c'est que les actes de certains ont provoqué la pire catastrophe que notre pays ait jamais vu», a répliqué mardi Robert Gibbs, le porte-parole du président américain Barack Obama.

«Je ne pense pas que beaucoup de personnes, dans quelque pays que ce soit, éprouvent de la commisération pour l'ancien PDG de BP», a ajouté M. Gibbs, tout en refusant comme la veille de se prononcer sur la décision de la société de nommer l'Américain Bob Dudley.

De 397 à 715 millions de litres de pétrole se seraient déversés dans la mer entre l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, le 20 avril, et la pose de «l'entonnoir» sur la fuite le 15 juillet.

BP aurait récupéré un quart de ce volume. L'entreprise a aussi procédé à plus de 400 incendies de pétrole et de gaz au large. Mais ces efforts n'expliquent pas que le brut soit désormais presque introuvable à la surface.

Certains spécialistes assurent qu'une partie du pétrole s'est dispersée naturellement, voire a été dégradée biologiquement par l'effet de bactéries. D'autres experts, moins optimistes, redoutent que subsistent des nappes entre deux eaux.

Jane Lubchenko, la directrice de l'Agence océanique et atmosphérique américaine (NOAA), a annoncé une analyse poussée pour tenter de retrouver la trace du pétrole.

Selon le Washington Post, une équipe d'enquêteurs a été envoyée à la Nouvelle-Orléans pour déterminer si des liens entre BP et des membres des services de régulation du secteur pétrolier ont contribué à provoquer la marée noire.

La «Brigade BP» comprend notamment des membres de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) et des garde-côtes, précise le quotidien.

Outre BP, l'enquête vise deux autres entreprises: le propriétaire de la plateforme exploitée par BP, Transocean, ainsi que Halliburton, qui avait achevé de cimenter le puits deux jours avant l'explosion de la plateforme le 20 avril.

Les autorités cherchent à savoir si les membres du service de gestion des ressources minières (MMS) ont été plus accommodants avec ces entreprises en échange d'argent ou autre, affirme le Washington Post.

Des dizaines de milliers de documents fournis par ces sociétés doivent être passés au crible, et certains de leurs responsables entendus.

Cette investigation s'ajoute à d'autres déjà lancées par le ministère de la Justice américain et par trois des cinq États touchés par la marée noire (Louisiane, Mississippi et Alabama).

Le début des opérations visant à condamner le puits sont programmées pour la semaine prochaine. L'étape suivante consistera à évaluer les dégâts causés au rivage par la marée noire. Quelque 1 027 km de côtes ont été souillées.