La petite communauté norvégienne de Montréal était sous le choc à la suite des attentats meurtriers survenus vendredi en Norvège. Plusieurs n'arrivaient tout simplement pas à comprendre comment le présumé tueur, Anders Behring Breivik, a pu abattre près d'une centaine de personnes de sang-froid.

«C'est terrible ce qui s'est produit. Personne ne comprend ce qui est arrivé et pourquoi c'est arrivé», se désole Arne Andren, l'un des quelque 250 Norvégiens d'origine habitant Montréal. «Il semblait détester les immigrants, alors on se demande pourquoi il s'est retourné ainsi contre son propre peuple.»

Pour ce dernier, Anders Behring Breivik tentera de profiter de la forte médiatisation de son procès pour faire la promotion de sa croisade contre l'immigration. «Il a demandé un procès ouvert aux médias. Il veut que le monde connaisse ses idées. Pour moi, c'est de la propagande qu'il veut faire», s'indigne Arne Andren.

La tuerie qui a fait au moins 93 morts est venue réveiller de bien tristes souvenirs chez ce retraité qui a grandi dans une Norvège occupée par l'Allemagne nazie, avant d'immigrer au Canada en 1960. «C'est la pire tragédie depuis la dernière guerre», se désole M. Andren.

«Quelques personnes suffisent»

Un peu plus de 5200 Norvégiens vivent au Canada, selon Statistique Canada. Plusieurs d'entre eux ont passé la fin de semaine à contacter des proches pour prendre des nouvelles et s'assurer que personne de leur entourage n'avait été touché directement par le drame. «Je pensais aux parents de tous ces jeunes et je me disais que ça devait être une angoisse terrible», dit Erik Palmen, un autre Norvégien d'origine établi au Québec. «Tout le monde est en état de choc.»

Malgré l'horreur de la tuerie, ce dernier reste néanmoins convaincu que la Norvège, une société reconnue pour son ouverture et sa tolérance, ne se refermera pas à la suite de ces attentats. «Les Norvégiens vont en ressortir plus forts. On l'a vu dans la dernière guerre, les gens se sont serré les coudes. Je ne suis pas inquiet.»

Il est d'autant plus étonné par la tuerie que les groupes d'extrême droite sont peu nombreux en Norvège et font peu parler d'eux, selon lui. «Ce sont des petits groupes, on ne parle pas de milliers de personnes. Mais visiblement, quelques personnes suffisent», s'indigne Erik Palmen.

Les attentats de vendredi laissent ce comptable à la retraite craintif. «On ne sait jamais ce qui peut arriver. J'espère que personne n'aura l'idée de l'imiter. Ici non plus, on n'est pas à l'abri. Il suffit de penser aux 16 personnes arrêtées à Toronto qui voulaient commettre des attentats.»