La présidente du Front national Marine Le Pen a déclaré vendredi qu'elle n'était pas «en désaccord» avec les propos de son père Jean-Marie, qui a estimé que la «naïveté» du gouvernement norvégien sur l'immigration était «plus grave» que les massacres qui ont fait 77 morts le 22 juillet.

«Si j'avais été en désaccord ou si ses propos m'étaient apparus choquants, je l'aurais dit», a affirmé Mme Le Pen sur Europe 1.

Pour elle, Jean-Marie Le Pen, chef historique et président d'honneur du Front national, «s'est posé la question, et c'est une vraie question, sur le choix de société».

En évoquant la tuerie d'Oslo, M. Le Pen avait fustigé la «naïveté» du gouvernement norvégien face au «danger» du «terrorisme» et de «l'immigration massive, qui est la cause principale, semble-t-il, dans l'esprit de ce fou meurtrier».

Il avait aussi jugé «plus grave» cette «naïveté» que la tuerie elle-même, qualifiée d'«accident», alors qu'une semaine plus tôt, le parti d'extrême droite avait officiellement condamné le carnage.

Pour Marine Le Pen, «la vraie question, c'est: Notre société doit-elle avoir une police, des armées (...), doit-elle tenir compte (...) de la violence qui nous frappe, des risques terroristes (...), qu'ils émanent d'un fou, comme c'est le cas en Norvège avec ce dramatique assassinat collectif, ou qu'ils soient plus organisés par un certain nombre de réseaux qui aujourd'hui font trembler le monde?».

Les déclarations de Jean-Marie Le Pen avaient suscité une forte polémique. La majorité et l'opposition avaient condamné le «silence» de Mme Le Pen, qui avait alors dénoncé une «récupération politicienne» de la gauche, sans se prononcer sur le fond des propos.

Pour les socialistes, «les masquent tombent», et «en refusant de se désolidariser des propos de son père, Mme Le Pen montre que le Front national n'a pas changé».

Pour le chercheur Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, «M. Le Pen évoquait l'attitude du gouvernement norvégien vis-à-vis de l'immigration» et «faisait allusion» à la «question de la société multiculturelle comme cause de ce qui s'est passé en Norvège», une question qui «vaut pour toute l'Europe».

D'après lui, Marine Le Pen a quant à elle «déplacé la discussion sur le terrain moins miné de la police norvégienne».

«On a trop vite cru que le Front national était normalisé. Or, pour remporter les suffrages en 2012, ce parti a besoin de se démarquer des autres formations politiques. C'est une équation très compliquée pour Marine Le Pen», estime le politologue.