Le Réseau de résistance du Québécois pourra compter sur des fiers-à-bras pour sa manifestation contre la visite du prince William et son épouse Kate dans la capitale, dimanche.

Ces sbires sélectionnés pour leur gabarit imposant n'auront pas pour mission de s'attaquer aux forces de l'ordre mais devront plutôt empêcher tout dérapage parmi les manifestants, a indiqué lundi le président du RRQ, Patrick Bourgeois.

«Même moi, s'ils me disent ce qu'il faut que je fasse, ils sont tellement gros que je vais les écouter», a-t-il dit lors d'une entrevue.

«On les choisit surtout au gabarit. Les 100 livres mouillés ne sont pas dedans.»

Le RRQ, un groupe souverainiste radical, prévoit qu'au moins 300 personnes participeront à une manifestation pour dénoncer la monarchie, dimanche prochain, à l'occasion de la visite du couple royal à l'hôtel de ville de Québec.

Pour la première fois lors d'une manifestation, le RRQ déploiera sur le terrain une quarantaine de ses membres au physique imposant pour assurer la sécurité.

Selon M. Bourgeois, les manifestants seront préparés à une action de désobéissance civile mais sans geste de violence.

«Le service de sécurité, ce pour quoi il n'est pas prévu, c'est pour se battre avec la police, a-t-il dit. Ce n'est absolument pas ça son mandat. Son mandat c'est de s'assurer que dans nos rangs, tout le monde se comporte comme nous on a décidé.»

Les sbires du RRQ vont calmer les esprits qui pourraient s'échauffer et contrer toute manoeuvre de la part d'agitateurs qui infiltreraient l'action militante.

«S'il y a un débile qui arrive et qu'il fait de la provocation avec la police, qu'il est en train de mettre en péril à la fois le scénario qu'on a prévu et à la fois la sécurité de nos militants, c'est sûr qu'on va s'assurer que cette personne soit repoussée en dehors de notre manifestation», a-t-il dit.

Malgré tout, M. Bourgeois s'est montré confiant que la situation demeurera sous contrôle, jugeant peu probable que des casseurs viennent interférer.

«À Québec, ce serait fort étonnant que des personnes comme ça se pointent», a-t-il dit.

En 2009, à Montréal, le RRQ et ses manifestants avaient perturbé le passage du prince Charles et son épouse Camilla en bloquant une caserne de l'armée, ce qui avait forcé le couple à entrer par une porte à l'arrière de l'édifice.

Tout en affirmant que des plans ont été faits, M. Bourgeois n'a pas voulu dévoiler ce qui est prévu pour la manifestation de Québec.

«Si on est capables avec la désobéissance civile de faire capoter le programme comme on l'a fait en 2009, on serait très contents», a-t-il dit.

Le prince William et son épouse, qui se sont mariés le 29 avril dernier, amorceront au pays jeudi une tournée de neuf jours qui les mènera à Montréal et Québec les 2 et 3 juillet.

Cette visite, dont les coûts sont défrayés par les contribuables, mobilisera 1396 représentants des médias, dont 274 provenant de l'extérieur du Canada.

Le gouvernement fédéral a récemment présenté le déplacement du couple royal comme une vitrine touristique pour le Canada. Mais M. Bourgeois considère que le premier ministre Stephen Harper souhaite plutôt utiliser la couronne pour prouver l'inanité des forces souverainistes.

«Si tout se passait dans l'harmonie la plus totale et que tout ce que William rencontrait sur son chemin c'est des ballounes, c'est sûr que le Canada le lendemain dirait: vous voyez, la situation évolue au Canada et au Québec, le Québec est capable maintenant d'apprécier lui aussi la monarchie britannique», a-t-il dit.

À l'hôtel de ville, le duc et la duchesse de Cambridge assisteront à une cérémonie qui souligne la relation entre Québec et les membres du Royal 22e Régiment.

La police de Québec a indiqué qu'aucun périmètre de sécurité n'est prévu actuellement pour empêcher la manifestation du RRQ devant l'édifice.

«On doit toujours s'adapter en fonction de ce qui se présente devant nous et l'évolution de la situation, a dit la porte-parole Sandra Dion. Même si des fois on peut prévoir plan A, plan B, plan C, ça peut être autrement.»

La capitale a été marquée en 1964 par une visite de la reine Élizabeth II, durant laquelle les policiers de Québec avaient pourchassé et frappé des manifestants, ce qui avait valu à l'événement d'être surnommé par la suite «Le Samedi de la matraque».