Un porte-parole du prince William et de son épouse Kate a déclaré que le couple princier «est tombé en amour» avec le Canada et que les manifestations à leur endroit ne sont qu'un exemple de la complexité particulière du pays.

Cette complexité a été particulièrement évidente dimanche alors que les nouveaux mariés ont conclu la portion québécoise de leur voyage au Canada, dimanche après-midi, avant de s'envoler vers Charlottetown, capitale de l'Île-du-Prince-Édouard, où ils sont arrivés en début de soirée.

William et Kate sont parvenus à compléter ce séjour au Québec sans être confrontés à des manifestants, mais ceux-ci ont néanmoins réussi à faire entendre leur présence dans le Vieux-Québec, où le couple princier participait à une cérémonie militaire.

Un important périmètre de sécurité avait été érigé autour de l'hôtel de ville, où se tenait l'événement, de sorte que près de 200 souverainistes antimonarchistes ont été tenus à une centaine de mètres derrière l'édifice, loin de l'estrade d'honneur.

Les admirateurs du duc et de la duchesse de Cambridge étaient plus proches, à environ 50 mètres, mais ils étaient confinés derrière des barrières de sécurité, après avoir traversé un contrôle policier où ils devaient montrer le contenu de leurs sacs.

À la fin de la cérémonie, le couple princier les a gratifiés d'un bain de foule improvisé, ce qui a déclenché des cris de joie parmi les quelque 600 personnes massées devant les commerces.

Quelques minutes plus tôt, à l'aide d'une cornemuse, de flûtes, sifflets, crécelles, casseroles ainsi que d'un puissant système de son, les manifestants qui avaient répondu à l'appel du Réseau de résistance du Québec (RRQ) ont réussi à faire un vacarme qui a retenti jusqu'à l'estrade d'honneur, sans toutefois perturber le déroulement.

«Québec libre, Québec libre», ont-ils scandé avec le président du RRQ, Patrick Bourgeois.

Tenus à l'écart, les manifestants ont toutefois triomphé quand un petit avion est passé dans le ciel, au-dessus de l'estrade d'honneur, avec à sa traîne une banderole sur laquelle était écrit «Vive le Québec libre RRQ», une initiative qui a coûté 1000 $ au groupe militant.

«Regarde ça mon prince, c'est ça le message qu'on a pour toi: Québec libre et retourne chez-vous, a tonné la voix de M. Bourgeois dans les hauts parleurs du système de son, installé dans la boîte d'une camionnette.

«La rue, c'est à nous autres, c'est notre pays, c'est notre capitale. Ils ne nous tasseront pas. Les airs, c'est à nous autres, le sol aussi.»

À la fin de la cérémonie, les manifestants ont entamé une marche jusqu'à l'Assemblée nationale, s'arrêtant près de la Citadelle de Québec, une forteresse militaire où Kate et William s'étaient retirés pour quelques instants de repos.

Le petit groupe a tenu le siège pendant quelques minutes, puis il a retraité jusqu'à un centre communautaire, comme prévu par les organisateurs.

Avant d'accompagner les manifestants, M. Bourgeois s'est montré satisfait de l'action accomplie, même si en 2009 les militants du RRQ avaient réussi à forcer le prince Charles et son épouse Camilla à faire un détour pour entrer dans un édifice lors d'un passage du couple à Montréal.

«On a quand même été assez baveux pour faire en sorte qu'ils ne l'ont pas eu facile, a-t-il dit. L'histoire qu'on a pénétré le périmètre de sécurité par les airs, c'est très baveux, je trouve ça excellent.»

M. Bourgeois s'est aussi félicité de la couverture dont a bénéficié la cause indépendantiste, grâce à l'action du RRQ, qui a multiplié les entrevues avec les médias étrangers au cours des derniers jours.

La police de Québec a effectué une arrestation pour désordre près de la Citadelle. M. Bourgeois s'est aussi plaint qu'un de ses sympathisants brandissant un drapeau du Québec, Alain Anctil, ait été menotté et se soit fait remettre un constat d'infraction pour avoir troublé l'ordre public devant l'hôtel de ville où il se trouvait avant la cérémonie.

Amorçant leur deuxième et dernière journée en sol québécois, Kate et William sont arrivés à Québec à bord d'une frégate de la marine canadienne, le NCSM Montréal, sur laquelle ils ont franchi durant la nuit le trajet entre la métropole et la capitale.

En matinée, le couple princier a participé à une cérémonie multiconfessionnelle sur le pont du navire, qui était amarré au pied du Château Frontenac.

À bord d'une limousine faisant partie d'un important cortège de voitures noires, Kate et William ont ensuite pris le chemin du Vieux-Québec.

Après avoir visité une maison de jeunes, ils ont participé à une cérémonie militaire devant l'hôtel de ville, en présence du premier ministre Jean Charest et du maire Régis Labeaume. L'événement soulignait les liens unissant le Royal 22e Régiment à la ville.

Le prince William a pris la parole brièvement, pour dire aux Québécois qu'ils ont «une joie de vivre et une fierté remarquables».

«J'espère que nous aurons l'occasion de se (sic) revoir souvent au cours des années à venir, a-t-il dit. À bientôt.»

Dans la foule devant l'hôtel de ville, Geneviève Fafard, qui se trouvait en compagnie de son amie Alexandra Powell, était comblée d'avoir été parmi les rares à serrer la main de Kate.

«Veux, veux pas, tu veux toujours être une princesse quand tu es petite, a dit l'adolescente. C'est l'ultime but de la vie, quelque part, ton petit rêve de jeune fille. Et là, tu serres la main d'une princesse.»

Après leur départ, M. Charest, qui avait déjà rencontré le couple samedi à Montréal, a décrit Kate et William comme des gens «très gentils».

«C'est un couple merveilleux, a-t-il dit. On a eu une visite qui nous a fait beaucoup plaisir.»

Après une brève escale à la Citadelle, où se trouve la résidence d'été du gouverneur général, William et son épouse ont pris la route vers Lévis. Ils ont visité un fort où se trouvait une foule estimée à 1500 personnes, dont plusieurs enfants.