Mécontent du refus de l'Iran de mettre de côté son programme d'enrichissement nucléaire, malgré les multiples demandes de la communauté internationale à cet effet, le Canada, à l'instar de ses alliés occidentaux, impose de nouvelles sanctions au pays du Moyen-Orient.

Le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a dénoncé, lundi matin, en point de presse, le refus de l'Iran de respecter les normes internationales en matière de prolifération nucléaire et de coopérer avec l'Agence internationale de l'énergie au sujet de son programme d'enrichissement d'uranium.

«Depuis presque 20 ans, maintenant, l'Iran a dissimulé son programme nucléaire et violé ses obligations internationales de non-prolifération. La prolifération nucléaire est la plus grave menace à laquelle fait face l'humanité. Et l'Iran continue de garder cette menace en vie», a déploré le ministre, accusant au passage le gouvernement iranien d'être «irresponsable» et «agressif».

Par conséquent, a-t-il fait valoir, le Canada impose depuis lundi de nouvelles sanctions économiques visant à ralentir les progrès du programme nucléaire iranien.

Le gouvernement fédéral interdit désormais de faire de nouveaux investissements dans les secteurs pétrolier et gazier de ce pays, ainsi que la présence d'institutions financières iraniennes au Canada, ou canadiennes en Iran.

Ottawa interdit également toute interaction avec des personnes désignées mêlées à des activités de prolifération nucléaire, chimique, biologique, ou de missiles, de même que l'exportation de tout bien pouvant servir à son programme nucléaire.

Cette dernière série de restrictions contre l'Iran fait suite à la quatrième phase de sanctions imposées fin juin par le Conseil de sécurité de l'Organisation des nations unies (ONU), que le Canada avait lui aussi adopté.

Cette fois-ci, la communauté internationale durcit le ton en élargissant notamment l'éventail de produits interdits à l'exportation, qui n'incluent désormais plus uniquement le secteur nucléaire mais aussi les secteurs pétrolier et gazier.

Mais de l'aveu de hauts fonctionnaires du gouvernement, le Canada n'exporte pas de produits pétroliers ou gaziers, ni de marchandises vers le régime iranien. Et à leur connaissance, le Canada ne compte pas non plus de succursales de banques iraniennes sur son territoire.

Peu importe, le Canada emboîte ainsi le pas à l'Union européenne, qui a elle aussi annoncé lundi de nouvelles sanctions sévères contre l'Iran. Semblables aux mesures adoptées par le Canada, les sanctions européennes s'adressent aux domaines du commerce, des services financiers, de l'énergie et des transports.

L'Australie et le Japon devraient annoncer à leur tour qu'elles séviront contre l'Iran.

La communauté internationale considère que le programme nucléaire du pays est utilisé afin de mettre au point l'arme nucléaire, alors que l'Iran prétend plutôt que son programme est uniquement utilisé à des fins civiles.

Rappelant que Téhéran avait annoncé mi-juillet avoir produit 20 kg d'uranium enrichi, le ministre Cannon a déploré, lundi, que les «actions de l'Iran et ses propos agressifs sont une offense aux efforts du Canada et des pays d'optique commune d'assurer la paix et la sécurité à travers le monde».

«Le Canada est d'avis que ces sanctions supplémentaires (...) envoient un message clair à l'Iran: la communauté internationale est unie dans ses visées et ses engagements. Aucun État ne peut menacer la paix et la sécurité internationale sans en subir les conséquences», a conclu M. Cannon.

À l'instar du discours tenu par son ministre, le premier ministre, Stephen Harper, a quant à lui soutenu, par voie de communiqué, que les nouvelles sanctions ne visaient aucunement à pénaliser le peuple iranien, mais plutôt à persuader le gouvernement du pays d'accepter de discuter avec les grandes puissances occidentales.

M. Harper a soutenu qu'il s'agissait de «mesures ciblées visant à entraver les tentatives de l'Iran de développer ses programmes d'armes nucléaires, chimiques, biologiques et reliés aux missiles».

Le gouvernement iranien a vivement réagi aux sanctions annoncées lundi par l'Union européenne. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères du pays, Ramin Mehmanparast, aurait déploré à l'Agence de presse de la République islamique (IRNA) qu'elles allaient «seulement compliquer les choses et éloigner (les parties) d'une entente mutuelle».

Dimanche, Téhéran avait fait savoir que son gouvernement était prêt à discuter avec ses homologues occidentaux sur les détails d'une proposition d'échange de combustible nucléaire.