L'Iran a confirmé sa détermination à poursuivre son programme nucléaire malgré les sanctions en annonçant la construction en 2011 d'un nouveau centre pour l'enrichissement d'uranium, une activité au coeur des inquiétudes de la communauté internationale.

«Nous terminons actuellement la localisation de dix futurs sites d'enrichissement, et nous espérons commencer la construction d'un de ces sites avant la fin de l'année (iranienne, le 20 mars 2011) ou au début de la prochaine année», a dit le chef du programme nucléaire iranien Ali Akbar Salehi à la télévision d'État.

L'Iran a affirmé à plusieurs reprises depuis décembre son intention de construire plusieurs nouveaux sites d'enrichissement disséminés dans le pays, pour compléter et rendre moins vulnérables ses deux sites actuels -celui de Natanz (au centre du pays) qui produit une centaine de kilos d'uranium enrichi par mois, et celui de Fordo (au sud de Téhéran) encore en construction.

Mais l'annonce de M. Salehi intervient alors que le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 9 juin une nouvelle résolution assortie de sanctions condamnant le programme nucléaire iranien, et demandant à Téhéran de suspendre ses activités d'enrichissement et de ne pas construire de nouveau site.

La communauté internationale craint que l'Iran, malgré ses dénégations répétées, ne cherche à se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil.

Les États-Unis et l'Union européenne ont décidé pour leur part des sanctions unilatérales visant en particulier le secteur énergétique du pays, deuxième producteur de l'OPEP.

Les dirigeants iraniens ont toutefois unanimement affirmé que ces sanctions n'empêcheraient pas l'Iran de poursuivre son programme nucléaire.

La confirmation de la construction d'un troisième site d'enrichissement intervient à la veille du lancement, prévu le 21 août, de la centrale nucléaire de Bouchehr (au sud) en construction par la Russie depuis près de 15 ans.

Moscou a obtenu de l'ONU que cette centrale, vue d'un mauvais oeil par les Occidentaux, échappe aux sanctions, faisant valoir notamment que le combustible nécessaire à son fonctionnement serait livré par la Russie puis récupéré ensuite une fois usagé.

Le nouveau site d'enrichissement iranien devrait avoir la même capacité que celui de Natanz, selon M. Salehi. L'usine de Natanz peut accueillir jusqu'à 50 000 centrifugeuses mais n'en abrite pour l'instant que 8582, selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en mai.

Natanz a déjà produit près de 2500 kilos d'uranium enrichi à 3,5%, à raison d'une centaine de kilos par mois, selon ce rapport.

Téhéran a également commencé à y enrichir de l'uranium à 20% depuis février, officiellement pour fabriquer du combustible nécessaire à son réacteur de recherche médicale à Téhéran. Début juillet, l'Iran a annoncé avoir déjà produit quelque 20 kilos de cet uranium hautement enrichi qui inquiète particulièrement les Occidentaux.

La production d'uranium à 20% a été lancée après l'échec en 2009 des négociations entre l'Iran et les pays du groupe de Vienne (États-Unis, Russie, France) pour la fourniture de combustible enrichi à 20% en échange de 70% du stock d'uranium iranien faiblement enrichi.

M. Salehi et d'autres dirigeants iraniens ont affirmé que Téhéran pourrait suspendre sa production d'uranium enrichi à 20% s'il obtenait le combustible qu'il réclame.

L'Iran et le groupe de Vienne se sont déclarés prêts à reprendre les négociations sous l'égide de l'AIEA. «Nous attendons toujours une réponse écrite et officielle» des grandes puissances, a précisé lundi M. Salehi.