L'Iran a annoncé dimanche contrôler la totalité du cycle de production de combustible nucléaire, marquant sa détermination à ne rien céder de ses «droits» à la veille de la reprise à Genève de discussions avec les grandes puissances sur son programme nucléaire controversé.

L'Iran a produit son premier lot de concentré d'uranium (yellowcake), étape intermédiaire dans la production d'uranium enrichi, à partir de minerai extrait d'une de ses mines dans le sud du pays, a annoncé le chef du programme nucléaire iranien Ali Akbar Salehi.

Jusqu'à présent, l'Iran a développé son programme d'enrichissement d'uranium à partir de quelque 600 tonnes de yellowcake achetées à l'Afrique du sud dans les années 70, avant la révolution islamique de 1979.

L'exportation de yellowcake vers l'Iran est interdite depuis 2006 par les sanctions de l'ONU contre le programme nucléaire iranien, et certains experts occidentaux espéraient que l'Iran épuiserait ses stocks avant de parvenir à en produire.

Début 2009, une étude de l'Institut international pour la science et la sécurité estimait que Téhéran avait consommé 75% de ses réserves.

«L'Iran est désormais autosuffisant pour l'ensemble de la chaîne de production de combustible» nucléaire, depuis la production de minerai jusqu'à celle de combustible nucléaire, a affirmé M. Salehi.

«Cela va renforcer notre position aux négociations» nucléaires avec les grandes puissances, qui doivent reprendre lundi à Genève après un an d'interruption, a-t-il ajouté.

L'enrichissement d'uranium est au coeur du conflit opposant depuis plusieurs années l'Iran à la communauté internationale, qui soupçonne Téhéran de chercher, malgré ses dénégations, à se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a réaffirmé samedi que le «droit inaliénable» de l'Iran à enrichir de l'uranium, reconnu par les traités internationaux, n'était «pas négociable».

Résistant à plusieurs condamnations par l'ONU, à des sanctions économiques internationales sévères, et à des pressions multiples incluant plusieurs attentats contre ses scientifiques nucléaires, Téhéran a déjà produit plus de trois tonnes d'uranium faiblement enrichi (3,5%) et plus de 33 kilos d'uranium enrichi à 20%, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). L'uranium doit être enrichi à plus de 90% pour pouvoir être utilisé dans une bombe atomique.

L'Iran affirme avoir besoin de produire de l'uranium enrichi notamment pour alimenter un réacteur de recherche nucléaire à Téhéran, et accuse les puissances nucléaires de chercher à préserver un «monopole» scientifique et technique.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a estimé samedi que les grandes puissances pourraient reconnaître le droit iranien à l'enrichissement si Téhéran parvenait à les rassurer sur ses intentions.

Mais son homologue iranien Manouchehr Mottaki, tout en saluant «un pas en avant», a souligné que «ces mots doivent être traduits en actes».

Téhéran a par ailleurs réaffirmé ces derniers jours son refus de limiter les discussions de Genève au seul programme nucléaire iranien, contrairement à ce que souhaitent les grandes puissances, et a exigé qu'elles soient élargies à des questions de sécurité régionale incluant la possession par Israël de l'arme nucléaire.

Les dirigeants iraniens ont aussi régulièrement affirmé ces dernières semaines que les discussions seraient vouées à l'échec si les Occidentaux n'abandonnaient pas leurs pressions et menaces, y compris militaires, contre l'Iran.

«Nous sommes prêts à négocier mais les grandes puissances doivent reconnaître que les droits inaliénables de la nation iranienne ne sont pas négociables, et cesser d'être hostiles» à l'égard de l'Iran, a résumé samedi M. Ahmadinejad.