L'Iran s'est montré mercredi intraitable sur son programme nucléaire après un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) l'accusant d'avoir cherché à se doter de l'arme atomique, l'un de ses généraux menaçant Israël de «destruction» en cas d'attaque.

Dans un rapport mardi, l'AIEA a exprimé de «sérieuses inquiétudes» sur ce programme en invoquant des informations «crédibles» selon lesquelles l'Iran a travaillé à la mise au point de l'arme atomique, livrant pour la première fois des éléments étayant les soupçons occidentaux de visées militaires.

Les pays occidentaux ont immédiatement réagi en réclamant un durcissement des sanctions contre Téhéran, afin notamment d'éloigner la menace d'une frappe militaire préventive évoquée par Israël. La Chine, un allié de l'Iran, l'a de son côté appelé à faire preuve de «souplesse» et de «sincérité» avec l'AIEA.

«Nous ne reculerons pas d'un iota sur le chemin sur lequel nous nous sommes engagés», a déclaré le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, dont le pays a toujours démenti toute visée militaire de son programme nucléaire.

L'agence onusienne a «sacrifié sa réputation en reprenant les affirmations invalides des États-Unis», a dit M. Ahmadinejad dans un discours retransmis à la télévision iranienne, lors d'un déplacement en province.

Il a réaffirmé que son pays ne cherchait pas à se doter de l'arme nucléaire. «Nous n'avons pas besoin de la bombe atomique, le peuple iranien est intelligent, il ne va pas construire deux bombes face aux 20 000 bombes que vous possédez», a-t-il lancé à l'adresse des Occidentaux.

Les responsables iraniens ont rejeté en bloc les accusations «sans fondement» de l'AIEA. Celles-ci sont basées sur des éléments anciens, incluant certains faux documents «fabriqués» par les renseignements américains et occidentaux, et Téhéran y a répondu en détail il y a des années, selon eux.

Le représentant iranien à l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh, a accusé le directeur général de l'agence Yukiya Amano d'avoir agi de façon «partiale, politique et non professionnelle» en entérinant les documents occidentaux.

L'Iran «n'abandonnera jamais ses droits légitimes» en matière nucléaire, a-t-il lui aussi affirmé.

Toutefois, il continuera à «respecter ses obligations dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire» qui prévoit la supervision de ses activités par l'AIEA, qui enquête depuis environ huit ans sur le programme nucléaire iranien, a précisé M. Soltanieh.

Téhéran a annoncé son intention de «répondre» à l'AIEA en coordination avec d'autres États qui s'étaient opposés en vain à la publication de ce rapport, notamment la Russie, la Chine et les pays du Mouvement des non alignés, sans donner de précisions sur la nature de cette réponse.

Les Occidentaux, États-Unis et France en tête, ont réclamé un durcissement des sanctions internationales contre Téhéran, dont le programme nucléaire a été déjà condamné par six résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, dont quatre assorties de sanctions.

La saisine du Conseil de sécurité «s'impose», a estimé le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé en plaidant pour des sanctions «dures» et «sans précédent».

De son côté, Moscou a annoncé qu'elle ne soutiendra pas de nouvelles sanctions contre Téhéran, a déclaré mercredi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov.

«Toutes sanctions supplémentaires contre l'Iran seront interprétées dans la communauté internationale comme un instrument pour changer le régime à Téhéran. Une telle approche est inacceptable et la partie russe n'examinera pas des propositions en ce sens», a-t-il déclaré à l'agence Interfax.

Israël, qui avait fait monter la pression en évoquant une possible frappe préventive des installations nucléaires d'Iran, a laissé entendre que la sévérité du rapport de l'AIEA allait lui permettre d'attendre pour voir si la communauté internationale adopterait les sanctions «paralysantes» qu'il réclame.

Le chef d'état-major adjoint des forces armées iraniennes, le général   Massoud Jazayeri, a toutefois à nouveau menacé Israël de «destruction» si ce pays attaquait l'Iran.

La riposte iranienne pourrait viser notamment le centre nucléaire israélien de Dimona, a-t-il déclaré, en affirmant également qu'elle «ne sera pas limitée au Proche-Orient».

Les responsables militaires iraniens affirment régulièrement que l'Iran, qui considère que les États-Unis seraient coresponsables d'une éventuelle frappe israélienne, pourrait s'en prendre à des objectifs militaires américains s'il était attaqué par Israël.

Ils ont à plusieurs reprises souligné que les forces américaines au Moyen-Orient, et notamment dans le Golfe, étaient vulnérables à des frappes de missiles ou des forces navales rapides iraniennes.