L'Iran a rejeté mardi les critiques des États-Unis et de pays européens ayant qualifié de provocation l'annonce de l'enrichissement d'uranium dans le nouveau site de Fordo, estimant que leurs motivations étaient politiques.

«Toutes les activités nucléaires de l'Iran, notamment l'enrichissement d'uranium à Natanz et Fordo, sont sous la surveillance des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et les caméras de l'Agence surveillent 24 heures sur 24 ces activités», a déclaré Ali Asghar Soltanieh, représentant de l'Iran auprès de l'AIEA, cité mardi par l'agence Isna.

«Les réactions (des Occidentaux, ndlr) sont exagérées et ont des motivations politiques», a-t-il ajouté affirmant que ces activités étaient purement pacifiques.

L'AIEA a confirmé lundi que l'Iran avait commencé la production d'uranium enrichi à 20% sur son site de Fordo, situé à 150 km au sud-ouest de Téhéran, non loin de la ville religieuse de Qom. Il est enfoui sous une montagne et difficile à attaquer militairement.

Elle a précisé dans un bref communiqué que «tout le matériel nucléaire dans l'installation reste sous la surveillance de l'agence».

Fordo peut contenir jusqu'à 3000 centrifugeuses. L'Iran possède déjà 8000 centrifugeuses sur le site de Natanz, situé dans le centre du pays.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a appelé mardi Téhéran à «cesser immédiatement l'enrichissement d'uranium» et estimé qu'aucune raison «crédible» ne pouvait justifier la production d'uranium enrichi à Fordo.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a parlé d'un «pas supplémentaire dans l'escalade».

De son côté, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague s'est dit «extrêmement déçu» par la décision de Téhéran, alors que la France a évoqué «une violation supplémentaire et particulièrement grave par l'Iran du droit international».

Le ministère russe des Affaires étrangères a dit avoir «appris avec regret et inquiétude» le début de l'enrichissement, ajoutant être «obligé de constater que l'Iran continue d'ignorer les demandes de la communauté internationale».

L'Italie, qui a fermement condamné l'annonce de l'enrichissement d'uranium à Fordo, a annoncé qu'elle soutiendrait «l'adoption de sanctions dures et efficaces».

L'Union européenne a avancé au 23 janvier une réunion des ministres des Affaires étrangères qui doit notamment entériner un nouveau train de sanctions contre l'Iran.

Si un embargo sur le brut iranien est adopté, plusieurs pays producteurs de pétrole se tiennent prêts à augmenter leurs exportations, a affirmé le chef de la diplomatie française, Alain Juppé.

De son côté, le chef de la diplomatie japonaise Koichiro Gemba a appelé à une «solution diplomatique» face aux tensions entre l'Iran et les pays occidentaux, se disant «très inquiet».

L'existence «des installations d'enrichissement de Fordo a été annoncée il y a deux ans à l'AIEA qui a surveillé depuis toutes les étapes notamment l'installation de centrifugeuses» sur le site, a déclaré M. Soltanieh.

Il a ajouté que «l'uranium enrichi à 20% est destiné à la production du combustible pour le réacteur de Téhéran qui sert à produire des radio-isotopes», utilisés contre le cancer.

«Par conséquent, les activités du réacteur de Téhéran et la fourniture du combustible pour ce réacteur ont un objectif pacifique et humanitaire», a-t-il précisé.

Après l'échec des négociations avec les grandes puissances du groupe 5+1 (États-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne) sur la fourniture du combustible pour ce réacteur, l'Iran s'est lancé dans un programme pour enrichir l'uranium à 20% et produire lui-même ce combustible.

L'uranium enrichi à moins de 20% est utilisé uniquement à des fins civiles mais si l'enrichissement est poussé à plus de 90%, il peut servir à fabriquer l'arme atomique.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a déjà voté six résolutions, dont quatre assorties de sanctions, pour contraindre les Iraniens à suspendre l'enrichissement.

L'Iran s'est déclaré prêt à reprendre les négociations nucléaires avec les grandes puissances. Mais la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton, a déclaré qu'elle attendait toujours une lettre écrite de la République islamique.

Malgré ces tensions, un navire de la marine américaine a secouru mardi six Iraniens dans le Golfe dont le navire était en perdition, quelques jours seulement après avoir libéré en mer d'Arabie 13 marins iraniens pris en otage par des pirates, a indiqué le Pentagone.