L'Iran et les grandes puissances sont convenus de se retrouver le 23 mai à Badgad pour discuter plus en profondeur du programme nucléaire iranien controversé, et le chef de la diplomatie européenne a prévenu qu'il faudrait obtenir des résultats «concrets» dans la capitale irakienne.

«Nous allons de nouveau nous rencontrer prochainement, le 23 mai à Bagdad», a déclaré la représentante de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, après une journée de discussions à Istanbul entre l'Iran et le groupe des «5+1» (les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité plus l'Allemagne).

Mme Ashton mène la délégation des «5+1» dans ces négociations.

Peu auparavant, une source proche de la délégation iranienne avait indiqué à l'AFP qu'un nouveau tour de discussions aurait lieu à cette date dans la capitale irakienne.

Les prochaines négociations «doivent nous faire avancer d'une manière très concrète», a cependant prévenu Mme Ashton à l'issue de la réunion d'Istanbul, qui intervenait après une interruption de 15 mois des négociations avec l'Iran.

«Nous espérons que les prochaines réunions aboutiront à des mesures concrètes vers une solution globale négociée qui rétablira la confiance internationale dans la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien», a-t-elle dit.

Un diplomate ayant assisté aux négociations a indiqué que des «mesures propres à instaurer la confiance» seraient notamment discutées à Bagdad.

La Maison-Blanche a qualifié de «première étape positive» les pourparlers d'Istanbul. Les deux parties ont approché cette rencontre avec une «attitude positive», a déclaré le conseiller adjoint de sécurité nationale du président Barack Obama, Ben Rhodes.

«Le principe d'une prochaine réunion a pu être agréé. Les discussions à venir seront importantes: l'Iran doit faire des gestes urgents et concrets pour établir la confiance», a souligné pour sa part le chef de la diplomatie française Alain Juppé dans un communiqué diffusé à Paris.

Les pays occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Ils s'inquiètent de la capacité acquise par ce pays d'enrichir l'uranium pour une utilisation civile mais aussi éventuellement militaire.

Selon eux, l'usine de Fordo, près de la ville sainte de Qom, qui produit de l'uranium enrichi à 20 %, pourrait pousser cet enrichissement au niveau de 90% requis pour une arme nucléaire.

Les discussions d'Istanbul ont été «constructives et utiles, reflétant les termes et l'esprit de nos récents échanges de lettres avec l'Iran», a encore déclaré Mme Ashton.

Le négociateur en chef iranien Saïd Jalili a quant à lui rendu hommage au «désir de la partie adverse pour le dialogue et la coopération, ce qui est positif».

«Les Six (5+1) ont considéré que la fatwa du Guide suprême sur l'interdiction des armes atomiques était d'une grande importance et qu'elle est la base pour une coopération pour un désarmement nucléaire global», a dit le responsable iranien.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a émis un fatwa affirmant que les armes atomiques étaient «haram», c'est-à-dire interdites par la religion.

M. Jalili a souligné que l'Iran avait pour devise «l'arme atomique pour personne, l'énergie atomique pour tout le monde».

Interrogé sur l'enrichissement d'uranium, un des principaux éléments de discorde dans les négociations, M. Jalili a affirmé que «les deux parties n'avaient pas abordé cette question» à Istanbul.

Plusieurs délégués ont fait part à la presse dans la journée du tour positif que prenaient les discussions d'Istanbul.

M. Jalili «est entré très vite dans le sujet du programme nucléaire» et «on a vu clairement que l'Iran (...) veut s'engager dans un processus sérieux», a commenté un diplomate occidental.

«L'atmosphère est constructive et les discussions sont sérieuses. Jusqu'à présent, les choses ne vont pas mal», a jugé le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, qui dirige la délégation russe.

Les États-Unis ont même manifesté le désir d'une rencontre bilatérale avec l'Iran, selon des sources concordantes.

Une telle rencontre, qui aurait constitué une ouverture de taille sur un dossier aussi sensible, a cependant été refusée par Téhéran.

L'Iran a été condamné par six résolutions de l'ONU dont quatre assorties de sanctions. Celles-ci ont été renforcées depuis 2010 par un embargo commercial, financier et pétrolier des États-Unis et de l'Union européenne.

Les pays de l'UE ont en outre décidé d'imposer un embargo pétrolier graduel sans précédent à l'Iran, qui prendra pleinement effet au 1er juillet, et les États-Unis ont ouvert la voie à de nouvelles sanctions pour la fin juin visant les exportations iraniennes de brut.

L'Iran demande la levée des sanctions et considère l'enrichissement d'uranium comme un «droit» incontestable.