Les vents violents et les fortes pluies ont provoqué d'importants dommages dimanche sur la côte est américaine même si plusieurs villes s'étaient préparées à l'arrivée de l'ouragan Irene en procédant à des évacuations. Dimanche en fin de journée, les autorités américaines recensaient au moins 32 morts, et 4,5 millions de foyers ont été privés d'électricité dans six États.

Notre envoyé spécial, le photographe Ivanoh Demers, a eu toutes les peines du monde à entrer dans Atlantic City. Les trois accès pour entrer dans la lagune étaient fermés par des barrages policiers. Bien que les casinos et les commerces étaient tous fermés, un gestionnaire d'hôtel a accepté de lui louer une chambre et de céder un endroit pour sa voiture au quatrième étage d'un stationnement. Ainsi, le véhicule se trouvait en sécurité en cas d'inondation.

«En fin d'après-midi, ç'a commencé à brasser beaucoup. Mais pendant la nuit, ça s'est vraiment détérioré. Vers deux heures du matin, c'était vraiment impressionnant. C'était comme une douche horizontale, le vent était assez fort et tu étais mouillé aussitôt que tu sortais», raconte Ivanoh Demers.

Mais comme pour plusieurs Américains en déplacement entre la Caroline-du-Nord et l'État de New York, ce sont les alertes aux tornades qui ont véritablement inquiété notre photographe. «Ce qui était très stressant, ce sont les avertissements qui étaient diffusés dans les haut-parleurs de l'hôtel. Ils ont commencé vers 21h et ont duré toute la nuit.»

Le plus fort de l'ouragan est passé sur Atlantic City vers 2h du matin dans la nuit de samedi à dimanche. Au réveil, les résidants ont pu constater quelques inondations dans les rues, certains arbres déracinés et une très grande quantité de branches d'arbres sur le sol.

En quittant l'État du New Jersey et en s'approchant de New York, l'ouragan Irene a été rétrogradé au rang de tempête tropicale. Déjà, dans la nuit de vendredi à samedi, l'ouragan avait été déclassé de la catégorie 2 à la catégorie 1 sur l'échelle de Saffir-Simpson qui en compte 5.

Irene a tout de même continué à causer d'importants dégâts en poursuivant sa route vers le nord. En Nouvelle-Angleterre, des pluies torrentielles (jusqu'à huit pouces de précipitations) et des vents jusqu'à 135 kilomètres ont forcé l'évacuation d'au moins une demi-douzaine de villages dans l'ouest du Massachusetts. Au sud de l'État, le service de traversier vers les îles de Martha's Vineyard a été interrompu. Plusieurs bateaux ont été endommagés le long des côtes du Massachusetts.

Environ 500 000 des 2,5 millions de foyers du Massachusetts étaient privés d'électricité dimanche soir. « Nous sommes chanceux qu'Irene se soit calmé avant son passage chez nous », a dit le gouverneur du Massachusetts, Devon Patrick.

Au Vermont toutefois, d'importantes inondations ont été signalées dans plusieurs villes de l'État.

Irene balaie le Québec

Malgré la baisse d'intensité de l'ouragan, le Québec est demeuré en état d'alerte alors que s'est abattue la tempête en milieu d'après-midi. À Chambly, une des régions les plus touchées par la pluie, M. Léon était désemparé en regardant son voilier. Son embarcation s'est abîmée sur les berges du Richelieu quand le vent a eu le dessus sur ses amarres. «J'avais mis deux ancres alors que j'en mets une seule d'habitude, mais la corde a cassé», s'est-il désolé. Le petit voilier a été projeté par-dessus un quai flottant pour se fracasser contre un mur de béton.

Selon Environnement Canada l'Estrie et la Montérégie ont reçu le plus de pluie, avec 102 mm. Des rafales de 90 km/h ont été enregistrées sur la Rive-Sud de Montréal et à Québec. Mais dimanche soir, les autorités craignaient toujours que l'est du Québec soit touché par des inondations. «Certaines marées hautes sont plus hautes que d'autres. C'est dû au cycle de la Lune. Malheureuse coïncidence, c'est cette nuit que les marées seront les plus hautes. L'eau élevée combinée à de forts vents du nord-est, ça veut dire que les vagues vont être poussées plus loin sur les berges», explique René Héroux, météorologiste à Environnement Canada.

Dimanche après-midi, le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a demandé aux citoyens de faire preuve de prudence, lors d'un point de presse. «C'est déjà arrivé dans le passé qu'on ait reçu une queue d'ouragan. Mais cette fois-ci, elle semble particulièrement forte. Il faut prendre toutes les précautions. On ne peut pas prendre Irene à la légère», a-t-il dit. Le ministre n'écartait pas l'idée de décréter des évacuations.

À 21h, 248 500 foyers étaient privés d'électricité dans toute la province. À Montréal, les pompiers ont été appelés à l'aide pour extirper quelques personnes surprises par les pannes alors qu'elles se trouvaient dans des ascenseurs. La Sûreté du Québec a également dû évacuer quelques résidences inondées à Thetford Mines et East Broughton, au sud de Québec.

Les transports perturbés

À l'aéroport Montréal-Trudeau, presque tous les vols en direction ou en provenance de la côte est américaine et des Maritimes étaient annulés dimanche.

Sur les routes, Transports Québec signalait peu de dégâts en raison des intempéries. Plusieurs routes ont toutefois été encombrées par des cônes et des panneaux de signalisation renversés par les rafales.

Les intempéries ont forcé la fermeture d'une seule route, la 229 à Sainte-Julie. Un poteau électrique a été renversé et celui-ci est tombé de part en part de la voie.

Irene a toutefois provoqué dimanche après-midi un important bouchon de circulation dans le secteur du pont Champlain, en direction de Montréal. La file s'étirait sur plus de cinq kilomètres sur l'autoroute 10. En plus des deux voies sur trois fermées pour permettre la réalisation de travaux, les forts vents ont déplacé de nombreux cônes et renversé des panneaux de signalisation balisant le chantier, ce qui a forcé les employés du MTQ à constamment les repositionner. «Les cônes dansent», a illustré le sergent Claude Denis, porte-parole de la Sûreté du Québec. Pour faciliter l'accès à Montréal, une troisième voie a été ouverte sur le pont Jacques-Cartier pour soulager les automobilistes.

- Avec Vincent-Brousseau-Pouliot et AP