Les fortes pluies et rafales de vent de l'ouragan Tomas s'affaiblissaient quelque peu vendredi sur Haïti, où la tempête a fait trois morts, provoquant de dangereux glissements de terrain et de fortes inondations qui pourraient encore aggraver l'épidémie de choléra.

En début d'après-midi, les pluies ont commencé à faiblir sur Port-au-Prince, la capitale, mais le président René Préval, s'adressant à ses concitoyens, leur a demandé de ne pas baisser la garde.

«Les fortes pluies et rafales de vent de l'ouragan Tomas, provoquant de dangereux glissements de terrain et de fortes inondations, pourraient encore aggraver l'épidémie de choléra. Restez vigilants», a-t-il lancé, rappelant que l'alerte rouge restait en vigueur.

Deux personnes ont été tuées dans la ville de Léogâne, détruite à plus de 60% par le séisme. Une autre personne est décédée jeudi en tentant de traverser une rivière en crue, et deux autres sont portées disparues à Léogâne après avoir été emportées par les eaux, selon la protection civile.

M. Préval a annoncé que le gouvernement se préparait à apporter une aide massive aux populations affectées «lorsque la situation sur les routes le permettrait». Vendredi, de nombreuses voies étaient endommagées et des villes en partie inondées, rendant la circulation impossible.

Les autorités, avec l'aide de l'ONU, continuaient d'évacuer des familles vivant dans les quartiers à risques et dans les camps hébergeant des centaines de milliers de sinistrés du séisme de janvier.

Cependant, a souligné Andrea Koppel, une responsable de la Croix-rouge interrogé par CNN en direct d'un camp de Port-au-Prince, «les tentes sont debout, les bâches sont en place, elles n'ont pas été détruites, les vents n'ont pas été aussi forts que nous ne le craignions».

À 14H00 locales, Tomas, qui évolue entre les côtes d'Haïti et de Cuba, se trouvait à 230 km au nord-ouest de Port-au-Prince, selon le Centre national américain des ouragans. Il se déplaçait vers le nord-nord-ouest à 19 kmh avec des vents soufflant à 140 kmh et pourrait quitter cette zone en fin de journée.

Tomas pourrait provoquer un total de précipitations compris entre 140 et 400 millimètres en Haïti et en République dominicaine voisine, où une alerte rouge est également en place.

Dans le sud d'Haïti, de dangereux glissements de terrains se sont produits vendredi et des toitures ont été emportées.

«Le fait qu'Haïti ait une forte déforestation pourrait aggraver encore la situation car il n'y a pas d'arbres pour arrêter les coulées de boue», a expliqué la porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Elisabeth Byrs.

Autre inquiétude: Ocha s'attend à une augmentation des infections de choléra, qui a fait près de 450 morts, car les précipitations devraient augmenter le volume d'eau polluée.

Un dispositif américain d'aide d'urgence prévu pour assister 125 000 personnes était en place, comprenant des «kits d'hygiène», de l'eau potable, des équipements de cuisine et des couvertures. La France a annoncé l'envoi d'un avion avec du fret humanitaire et des bâches.

Par ailleurs, les autorités haïtiennes ont demandé à l'Union européenne «des tentes, des bâches, des moustiquaires, des kits d'hygiène et de purification des eaux», a indiqué la Commission européenne, qui s'est dite «prête à répondre aux besoins humanitaires».

Tomas a déjà causé la mort de 14 personnes la semaine dernière dans l'île de Sainte-Lucie, située au sud de la Martinique.

À Cuba, distante de 100 km d'Haïti, les intempéries perturbaient également les provinces orientales de Guantanamo, Granma et Santiago de Cuba.

Photo Reuters

Un homme marche sous la pluie dans les rues de Port-au-Prince, ce vendredi, devant le palais présidentiel détruit lors du séisme de janvier dernier.