Le choléra, responsable du décès de 583 personnes et de plus de 9000 hospitalisations depuis la mi-octobre en Haïti, a fait un mort et 73 malades confirmés à Port-au-Prince où les organisations internationales s'attendent à ce que l'épidémie se «propage rapidement».

L'épidémie de choléra, maladie hautement contagieuse, est maintenant considérée comme «une question de sécurité nationale», a annoncé le directeur général du ministère de la Santé haïtien, Gabriel Thimoté, lors d'une conférence de presse.

Depuis que l'épidémie s'est déclarée à la mi-octobre, le choléra a tué 583 personnes et provoqué l'hospitalisation de plus de 9000 personnes dans le pays le plus pauvre du continent américain. Le précédent bilan faisait état de 544 morts et de plus de 8000 hospitalisations.

Si l'épidémie s'est déclarée dans le nord d'Haïti, elle a désormais atteint la capitale, Port-au-Prince. Parmi les nouveaux décès recensés par les autorités, il y a un mort du choléra confirmé à Cité-Soleil, quartier le plus pauvre de Port-au-Prince, a en effet indiqué Gabriel Thimoté mardi.

Ce décès s'est produit à l'hôpital Ste-Catherine, tenu par Médecins sans Frontières-Belgique, ont révélé les autorités.

L'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), émanation de l'OMS, a pour sa part indiqué que le ministère de la santé avait aussi fait état de 73 cas confirmés de choléra à Port-au-Prince.

«Port-au-Prince est un bidonville étendu où les conditions sont très mauvaises en matière d'installations sanitaires et d'eau. Ce sont des conditions optimales pour une propagation rapide du choléra», a indiqué mardi le docteur Jon K. Andrus de l'OPS. «Nous devons nous tenir prêts. Il n'y a pas d'hésitation à avoir», a-t-il insisté.

Plus de 200 personnes atteintes de diarrhée sévère, un symptôme du choléra, ont été traités ces trois derniers jours à Port-au-Prince dans les centres hospitaliers tenus par Médecins sans frontières (MSF), a en outre annoncé l'organisation humanitaire.

«Il y a des cas suspects un peu partout dans le pays. Selon nos équipes, des cadavres sont abandonnés dans les rues de certains villages», a assuré à l'AFP Stefano Zannini chef de mission de MSF en Haïti.

Le docteur Ariel Henry, directeur de cabinet du ministre de la Santé, interrogé mardi par l'AFP, avait auparavant souligné qu'il n'y avait pas pour l'heure «de flambée» de la maladie dans la capitale, tout en reconnaissant l'existence de «cas isolés».

Mais les mauvaises conditions d'hygiène dans les camps de réfugiés du séisme du 12 janvier font craindre une aggravation de l'épidémie.

La précarité dans de nombreux camps à travers le pays est accentuée par les volumes d'eau --vecteur du choléra-- accumulés lors du passage de l'ouragan Tomas en fin de semaine dernière.

Tomas, qui a fait 21 morts en Haïti, a en grande partie épargné Port-au-Prince. Le sud-ouest du pays a lui énormément souffert. La ville de Léogâne s'est retrouvée totalement inondée.

Et, selon la porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) Elisabeth Byrs, ces inondations ainsi que les nouveaux déplacements de population entraînés par l'ouragan «multiplient» les risques de propagation du choléra.

Selon une projection de l'OPS se fondant sur le précédent de l'épidémie de choléra apparue en 1991 au Pérou avant de s'étendre à d'autres pays, l'épidémie apparue en Haïti pourrait faire jusqu'à 270 000 malades si elle continue pendant plusieurs années.