La reprise de la colonisation israélienne en Cisjordanie suscitait lundi la déception de nombreux pays, à commencer par les États-Unis, parrains du processus de paix, inquiets pour la suite du dialogue qui vient à peine de reprendre au Proche-Orient.

L'administration Obama, qui a investi de nombreux mois d'efforts diplomatiques dans la reprise des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens, a exprimé ses regrets sans ambages.

«Nous sommes déçus (par la fin du moratoire) mais nous restons concentrés sur nos objectifs à long terme», a indiqué le porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley.

L'émissaire américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, va partir aussitôt dans la région, et quoiqu'il arrive, «les parties devront d'une manière ou d'une autre trouver le moyen de poursuivre les négociations directes», a ajouté le porte-parole.

M. Crowley a salué «la retenue» du président palestinien Mahmoud Abbas, qui a indiqué à Paris que les Palestiniens décideraient «après le 4 octobre» de poursuivre ou non les négociations directes avec Israël.

M. Abbas avait auparavant affirmé que la reprise des constructions signerait la fin du dialogue.

Même déception de la part de l'ONU et des Européens, impliqués dans le processus à travers le Quartette pour le Proche-Orient (États-Unis, ONU, Russie et Union européenne).

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est dit «déçu», et «a rappelé que l'activité de colonisation dans les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est, est illégale selon la loi internationale», a rapporté son porte-parole.

La Haute représentante de l'Union européenne aux Affaires étrangères, Catherine Ashton, a «regretté» l'expiration du gel, alors que l'UE avait appelé ces dernières semaines Israël à prolonger le moratoire pour ne pas mettre en danger les pourparlers de paix.

Son compatriote William Hague, chef de la diplomatie britannique, s'est déclaré «très déçu» et «inquiet que les pourparlers puissent achopper sur ce problème».

À Paris, où il recevait Mahmoud Abbas, le président Nicolas Sarkozy a estimé que la colonisation israélienne en Cisjordanie devait «cesser», et a «déploré» la fin du moratoire.

Les déclarations du premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou appelant les colons à faire preuve de retenue «vont dans le bon sens, même si elles ne suffisent pas», a-t-il ajouté.

La note d'optimisme relatif est venue du ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, qui a affirmé depuis l'ONU qu'il n'y avait «pas eu de rupture» dimanche.

«Ainsi devons-nous travailler, nous travaillons encore pour que la pression internationale s'exerce et pour convaincre les protagonistes», a-t-il souligné.

Plusieurs responsables, à commencer par la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, ont poursuivi dès lundi les consultations en vue de sauver le processus de paix.

Depuis Damas où il vit en exil, le chef du mouvement islamiste palestinien Hamas, Khaled Mechaal, a demandé à Mahmoud Abbas de «tenir sa promesse» de cesser de négocier avec Israël. Selon lui, «négocier sans être en position de force est absurde».

Toujours au Proche-Orient, le ministre de l'Information jordanien Ali Ayed, dont le pays est en paix avec Israël depuis 1994, a noté que la fin du gel «entrave les efforts de paix».

La Turquie a longtemps été l'alliée d'Israël, mais ses relations avec l'État juif sont tendues depuis l'offensive israélienne de fin 2008 à Gaza contrôlée par le Hamas. Elle a jugé, via son ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, que la reprise des constructions était «contradictoire» avec la paix.