Les médias israéliens accusaient mardi le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou de saboter le dialogue de paix en proposant aux Palestiniens de troquer un gel de la colonisation en Cisjordanie contre leur reconnaissance d'Israël comme «État-nation du peuple juif».

«Prix imbattable pour le judaïsme», titre ironiquement Akiva Eldar dans un éditorial du quotidien de gauche Haaretz.

«Notre premier vendeur a inventé cette astuce de l'État juif (...) Ça se vend bien à Mahané Yéhouda», marché populaire de Jérusalem et fief de la droite israélienne, écrit-il.

Un moratoire sur les nouvelles constructions en Cisjordanie s'est achevé le 26 septembre, dont les Palestiniens exigent le renouvellement pour poursuivre les pourparlers de paix avec Israël engagés le 2 septembre à Washington.

«Bibi (surnom de M. Nétanyahou) est loin d'être naïf et sait pertinemment qu'en demandant à Mahmoud Abbas (le président palestinien) de reconnaître Israël comme l'État-nation du peuple juif, il lui offre un suicide politique assisté», ajoute l'éditorial de Haaretz.

«Il s'agit d'une manoeuvre majeure de diversion» dit-il encore, estimant qu'il s'agirait d'un marché de dupes pour les Palestiniens, qui, s'ils l'acceptaient, renonceraient ipso facto au droit au retour en Israël des réfugiés palestiniens, «un atout trop précieux» pour eux.

Même point de vue pour le quotidien populaire à grand tirage Yédiot Aharonot, qui qualifie M. Nétanyahou de «torpilleur» dans un éditorial de Shimon Shiffer.

«Il cherche tous les moyens possibles pour coincer les Palestiniens dans une position de refus», écrit-il.

«Implicitement, cela signifie qu'il va faire tout son possible pour torpiller les négociations avec les Palestiniens à leur stade actuel», ajoute-t-il.

«Manoeuvre tactique dans les négociations, ou changement drastique ?» de M. Nétanyahou, se demande pour sa part le journal Maariv (centre-droit). Et de répondre en soulignant que «comme prévu, les Palestiniens se sont empressés de refuser l'offre en la qualifiant de nouvel obstacle aux efforts de paix».

Selon Maariv, cette offre inacceptable pour les Palestiniens, ne l'est pas davantage pour les colons de Cisjordanie, qui la considèrent comme «un dangereux zigzag et une capitulation» aux exigences palestiniennes.