Déçus par l'administration Obama, les Palestiniens ont de facto enterré les dernières propositions américaines de relance du processus de paix moribond, pour tenter à la place d'obtenir une reconnaissance internationale de l'État palestinien sur les frontières de 1967.

Pour le négociateur palestinien Nabil Chaath, le processus de paix est dans un «coma profond» et les tentatives de la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton pour le ressusciter sont «totalement inutiles» en l'état.

«Ce processus de négociation n'a plus la moindre crédibilité», a déclaré M. Chaath samedi, qualifiant l'«exercice de futile et ridicule» et parlant même de «nausée» devant l'impasse due, selon lui, à l'intransigeance du gouvernement Netanyahu et à l'impuissance de Washington.

«Je ne pense pas que nous allons reprendre les négociations de sitôt», a-t-il prédit. Les pourparlers directs, relancés le 2 septembre à Washington, sont suspendus depuis l'expiration le 26 septembre d'un moratoire sur la colonisation.

«Nous nous sommes consacrés aux négociations pendant près de 20 ans et aujourd'hui nous sommes pris au piège d'un processus qui n'a rien changé à l'occupation», a souligné un autre négociateur palestinien, Saëb Erakat.

Les Palestiniens ne décolèrent pas depuis l'échec cuisant de Washington dans sa tentative d'obtenir un nouveau gel des colonies. Les Américains ont abandonné l'idée, après un embarrassant marchandage avec le premier ministre israélien.

Sa stratégie en miettes, Mme Clinton propose une nouvelle approche: des négociations indirectes sur les questions de fond (frontières, réfugiés, Jérusalem).

Mais, soutenus par la Ligue arabe, les Palestiniens ont signifié aux États-Unis qu'une reprise des négociations avec Israël était exclue sans gel de la colonisation, mettant la pression sur Washington pour présenter une «offre sérieuse».

Les négociations proposées par Mme Clinton sont «totalement inutiles sans termes de référence», a insisté M. Chaath.

Pour renouer le dialogue, les Palestiniens réclament des références politiques claires, comme la fin de l'occupation des Territoires palestiniens occupés en 1967 et Jérusalem-Est pour capitale. Ils demandent aussi la reconnaissance de l'État palestinien à l'intérieur des frontières de juin 1967, avant la guerre des Six-Jours, moyennant des échanges mineurs de territoire.

Désillusionnés, les responsables palestiniens ne cachent pas qu'ils n'attendent plus grand-chose d'un président Barack Obama tout à ses problèmes intérieurs et bientôt en campagne électorale.

Pour autant, ils n'ont pas l'intention de procéder à une «déclaration unilatérale d'indépendance», comme l'a rappelé samedi le premier ministre Salam Fayyad qui s'efforce d'ériger les bases d'un «État souverain et viable» d'ici la fin 2011.

Face au blocage, les Palestiniens veulent intensifier «dans les prochains jours» leurs efforts pour obtenir la reconnaissance de leur État.

Le Brésil, l'Argentine et la Bolivie ont déjà accédé à cette requête et l'Uruguay a annoncé son intention de les imiter le 7 janvier. D'autres pays devraient suivre.

Sur le front européen, l'Autorité palestinienne fait campagne pour le rehaussement du niveau de ses représentations diplomatiques, comme l'ont déjà fait la France, l'Espagne, le Portugal et la Norvège.

En outre, les Palestiniens, qui se réfèrent au «modèle sud-africain» d'émancipation non violente, ont annoncé leur intention de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU pour tenter d'obtenir une résolution ordonnant l'arrêt de la colonisation juive. Celle-ci est illégale au regard du droit international.

En revanche, ils n'envisagent pas, à se stade, de dissoudre l'Autorité palestinienne, ultime option qui serait, selon Nabil Chaath, «apocalyptique».