Les Palestiniens accusaient lundi Al-Jazira de «créer la confusion» et propager des «mensonges» en diffusant des documents révélant l'ampleur des concessions proposées en 2008 pour faire la paix avec Israël, qui les avait pourtant jugées insuffisantes.

La chaîne basée au Qatar a entamé dimanche soir la diffusion de «plus de 1 600» documents couvrant les pourparlers de paix depuis 1999, dont les premiers montrent que les négociateurs palestiniens étaient prêts en 2008 à des concessions considérables, en particulier sur Jérusalem-Est occupée et annexée par Israël, et les réfugiés.

«Le but de cela est de créer la confusion, j'ai vu moi-même ce que la chaîne a diffusé en disant que ce sont des documents palestiniens, alors qu'ils sont israéliens», a réagi le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à l'issue d'un entretien avec le chef de l'État égyptien Hosni Moubarak au Caire.

«Ce qui a été diffusé a été déformé et sorti de son contexte, et contient des mensonges», a déclaré à l'AFP Saëb Erakat, principal négociateur palestinien.

«S'il est nécessaire de publier tous les documents du département des négociations nous le ferons», a-t-il assuré.

Un autre négociateur palestinien, Yasser Abed Rabbo, a accusé l'émir du Qatar cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani d'avoir donné son «feu vert» à une  «campagne» contre l'Autorité palestinienne.

«C'est une décision politique prise au plus haut niveau politique au Qatar», a-t-il déclaré. «Al-Jazira a coupé les citations et les a montées comme un film», a-t-il affirmé.

«Nous savons qui a sorti les documents, c'est un employé du département des négociations de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP)», a-t-il indiqué, coupant court aux spéculations dans les médias israéliens attribuant les fuites à l'ex-homme fort de la bande de Gaza, Mohammad Dahlane, en conflit avec M. Abbas.

Le ministre palestinien des Affaires étrangère Riyad al-Maliki a également accusé «Al-Jazira d'aider Israël à liquider l'Autorité palestinienne».

«Ces documents secrets sont graves et montrent l'implication de l'Autorité du Fatah (parti de M. Abbas, Ndlr) dans les tentatives de liquidation de la cause palestinienne, en particulier sur le dossier de Jérusalem et des réfugiés», a commenté Sami Abou Zouhri, porte-parole du mouvement islamiste Hamas à Gaza.

Certains documents présentent les négociateurs palestiniens comme prêts à renoncer «au quartier juif et à une partie du quartier arménien» de la Vieille ville de Jérusalem, ainsi qu'à accepter l'annexion par Israël de la plupart des quartiers de colonisation juive dans la ville.

Ils s'y montrent également disposés à se contenter du retour de 100 000 réfugiés sur un total d'environ 5 millions, à raison de 10 000 par an.

En Israël, ces révélations ont été diversement interprétées, le ministre ultranationaliste des Affaires étrangères voulant y voir la validation de ses thèses sur l'impossibilité d'un accord de paix, tandis que des responsables du précédent gouvernement d'Ehud Olmert reprochaient à son successeur Benjamin Netanyahu d'avoir fait table rase de ces progrès.

«Comme il s'avère que le gouvernement d'Ehud Olmert n'a pu parvenir à un accord en dépit des énormes concessions qu'il a faites, tout le monde comprend qu'il faut rechercher un accord intérimaire à long terme», a déclaré M. Lieberman.

Le gouvernement israélien «dispose d'un véritable partenaire pour la paix, encore faudrait-il qu'il la recherche» sincèrement, a estimé Haïm Ramon vice-premier ministre dans le gouvernement Olmert, et député du parti Kadima  (opposition centriste).