Le rapporteur de l'ONU sur l'alimentation s'est opposé jeudi au contenu d'un rapport dans lequel le chef des Nations unies Ban Ki-moon reconnaîtrait la légalité de l'intervention d'Israël contre une flottille pour Gaza en mai 2010.

«Demain (vendredi) le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon va diffuser une déclaration sur la légalité de l'intervention israélienne contre "La flottille de la liberté de Gaza" de 2010», a indiqué dans un courriel le bureau du rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter.

M. De Schutter «a reçu ce projet de rapport et il s'oppose fermement à ses conclusions», a ajouté son bureau, précisant que le rapporteur prépare «une déclaration dans laquelle il dénonce les conclusions du secrétaire général, un fait exceptionnel dans le système de l'ONU».

«Selon Olivier De Schutter, le blocus et l'intervention israélienne violent clairement la loi internationale et le droit de l'homme à l'alimentation», a déclaré son bureau.

Un peu plus tard, le chef de la communication de M. De Schutter, Frederic Janssens, a envoyé un nouveau communiqué dans lequel il affirme que ce courriel ne constituait pas une «déclaration publique» et que le rapporteur spécial «ferait connaître ses vues en temps voulu».

Le 31 mai 2010, un commando israélien avait abordé dans les eaux internationales le ferry turc Mavi Marmara, navire amiral d'un flottille internationale qui voulait apporter une aide humanitaire à Gaza. Neuf passagers turcs avaient été tués durant l'assaut de ce navire affrété par une organisation islamiste turque, qui tentait de briser le blocus maritime israélien de la bande de Gaza.

Depuis un an, Israël et la Turquie, auparavant alliés stratégiques, ont mené secrètement des pourparlers pour tenter de trouver une issue à la crise diplomatique entre les deux pays, a révélé en juin le journal israélien Haaretz.

D'après le quotidien, d'autres discussions ont été conduites par les représentants israélien et turc à la commission d'enquête de l'ONU.

Jeudi, une source israélienne a confirmé l'échec de ces discussions.

Cette source officielle a affirmé que les discussions intensives entre les deux pays à New York et Genève n'avaient pas permis d'arriver à un compromis entre la demande turque d'excuses officielles et le refus israélien d'exprimer plus que des regrets pour la mort des neuf militants turcs.

Ni Israël ni la Turquie n'ont apposé leur signature au bas du rapport de l'ONU sur le raid israélien, qui devait être remis au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, a indiqué mercredi une source turque.

Le refus d'Israël de signer le rapport vient du fait que la commission d'enquête conclut que le commando a agi de manière «excessive et déraisonnable» en abordant le Mavi Marmara à une grande distance du blocus, et sans donner une dernière sommation au navire.

En septembre 2010, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU avait publié un rapport dans lequel il affirmait qu'il y avait «des preuves claires permettant d'appuyer des poursuites» contre Israël pour des crimes incluant l'homicide intentionnel et la torture à la suite de cet assaut.

Selon la source israélienne, la commission onusienne estime que le blocus d'Israël sur la bande de Gaza est légal car il empêche la fourniture d'armes au mouvement islamiste du Hamas.