Auditionnés, le magnat de la presse et son fils James, président de ses activités britanniques, ont nié toute connaissance des pratiques illégales de leurs journalistes. Rupert Murdoch ne s'en est pas sorti indemne: il a été entarté par un membre du public.

Responsables mais pas au courant. Interrogés par le comité d'enquête parlementaire, Rupert Murdoch et son fils James se sont cachés derrière le gigantisme du groupe américain News Corporation pour expliquer leur ignorance des écoutes illégales pratiquées au sein de leurs médias britanniques. «Ce n'est pas une excuse, mais News International ne représente que 1% du chiffre d'affaires de l'ensemble de mon groupe», a justifié mardi presque d'entrée le fondateur.

Quand un parlementaire s'étonne «que deux dirigeants pas vraiment perçus comme passifs ne soient pas au courant des agissements au sein de leur entreprise» et lui demande «si, en tant que capitaine du navire, il a pensé démissionner», il répond tout aussi sec: «Non. J'ai eu confiance en des gens qui m'ont trahi, c'est à eux de porter les responsabilités.»

Tous les Britanniques ne pensaient pas comme lui. En particulier l'homme présent dans les rangs du public qui s'est levé après plus de deux heures et demie d'audition pour entarter Rupert Murdoch. Malgré les cris d'une de ses proches et les coups de Wendi Deng, femme du magnat australo-américain, qui s'est jetée sur l'agresseur, ce dernier a atteint sa cible au visage et sur sa veste, avant d'être maîtrisé par le policier présent dans la salle.

Dehors, plus d'une cinquantaine de manifestants faisaient connaître depuis l'aube leur mécontentement. Ils réclamaient la mise en place de règles strictes pour limiter l'emprise de Rupert Murdoch sur la politique britannique et la démission du premier ministre David Cameron, indirectement impliqué dans le scandale pour avoir employé l'ancien directeur de la rédaction de News Of The World Andrew Coulson, quatre mois après sa démission de l'hebdomadaire. Cet ancien journaliste a été arrêté par la police il y a 10 jours.

Afin d'attendrir le public et les millions d'acheteurs de ses journaux, Rupert Murdoch a également joué sur la corde sensible. Il a expliqué qu'il vivait là le «jour le plus humble de [sa] vie». Accusé d'avoir sacrifié le tabloïd afin de sauver son empire, il a précisé: «Nous regrettons la fermeture de News Of The World, mais encore plus la violation de la vie d'individus [...]. Je ne crois pas aux écoutes téléphoniques, mais je crois dans le journalisme d'investigation. Il a permis d'avoir ici une société plus transparente, meilleure, et même plus selon moi qu'aux États-Unis.»

En chemise, son veston ayant été taché, il a finalement répété «sa colère» devant la trahison de certains de ses subordonnés, et son fils James sa «frustration» de n'avoir pas de preuve concrète de la culpabilité de certains individus. Rupert Murdoch n'a pas «voulu les nommer, car une enquête de police est en cours et cela reviendrait à les déclarer coupables». Il a en revanche précisé que Rebekah Brooks, ex-directrice de News International, «en qui [il avait] toujours confiance», «fait partie de ceux qui [l]'ont mis au courant du scandale».

Brooks témoigne

Après cette audition de trois heures, qui devait n'en durer qu'une, cette femme reconnaissable grâce à sa longue chevelure rousse ondulée a pris place devant le comité parlementaire. Sous le coup d'une poursuite judiciaire, elle était largement limitée dans ses déclarations.

Tous les regards se sont tournés vers la police, responsable de l'examen du décès lundi de l'ancien journaliste de News Of The World Sean Hoare. Il avait été l'un des premiers à accuser Andrew Coulson de prendre part et même de commanditer les piratages de portables.

Même s'il était gravement malade et que la police a initialement assuré ne pas voir de «cause suspecte» à sa mort, celle-ci intervient à un moment assez capital dans les révélations du scandale pour paraître suspecte. Les résultats des enquêteurs sont attendus.