L'accident nucléaire de Fukushima au Japon a atteint un niveau de gravité 6 sur l'échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, qui en compte 7, a estimé mardi le président de l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste.

«Le phénomène a pris une ampleur tout à fait différente d'hier (lundi). Il est clair qu'on est au niveau 6», a déclaré M. Lacoste au cours d'un point de presse. «Les ordres de grandeur ont changé», a-t-il ajouté.

L'évaluation de l'Autorité de sûreté nucléaire française s'appuie notamment sur la situation du réacteur numéro 2 de la centrale de Fukushima. L'enceinte de confinement du réacteur numéro 2 «n'est plus étanche», a ainsi déclaré André-Claude Lacoste.

L'enceinte de confinement qui entoure le coeur du réacteur est destinée à le protéger et à l'isoler de son environnement, afin d'éviter toute contamination radioactive.

L'agence de sûreté nucléaire japonaise quant à elle n'a pas relevé le classement de l'accident au niveau 6, a déclaré mardi à l'AFP l'un de ses responsables.

Selon l'ASN, «deux explosions successives, à 06h10 et 10h00 (heures locales) ont probablement entraîné une dégradation de l'enceinte de confinement à l'origine de l'augmentation significative des rejets radioactifs détectés».

«Nous sommes très clairement dans des doses extrêmement élevées» dans les environs immédiats de la centrale, a précisé M. Lacoste.

Les relevés des balises sur le site font état de «pointes importantes à proximité des réacteurs 2 et 3», indique l'ASN dans un communiqué.

Le réacteur numéro 2, mis automatiquement à l'arrêt lors du séisme mais qui n'a pas été refroidi pendant plusieurs heures, «concentre maintenant les principales préoccupations», selon l'ASN.

Jusqu'à présent, les efforts s'étaient concentrés sur les réacteurs 1 et 3, les premiers touchés par des incidents en série.

Dans la matinée, la ministre française de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a estimé qu'«on s'acheminait vers une catastrophe nucléaire» au Japon, évoquant «un risque de déconfinement sur le réacteur numéro deux» de la centrale de Fukushima.

Le ministre français de l'Énergie, Eric Besson, a pour sa part évoqué le «scénario du pire» à propos de cette centrale, endommagée après le séisme de vendredi dernier.

Le 12 mars, jour de la première explosion à Fukushima-1, les autorités japonaises avaient annoncé que l'accident avait atteint le niveau 4 de l'échelle des événements nucléaires et radiologiques (Ines).

Sur cette échelle Ines, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, survenue en avril 1986 en Ukraine, avait été évaluée au niveau 7.

La France, qui possède le deuxième parc de centrales nucléaires au monde, dépend de cette filière pour 75% de son électricité et elle dispose d'une filière industrielle et scientifique très performante dans ce domaine.

Photo: AFP

Un spécialiste évalue le degré de radioactivité d'un homme et son enfant évacués après un incident dans une centrale nucléaire.