À 120 kilomètres au nord des installations nucléaires en péril de Fukushima, une autre centrale atomique, également frappée par le séisme et le tsunami du 11 mars, inquiète désormais ses riverains, certains envisageant même d'abandonner les lieux.

La centrale d'Onagawa, située dans une baie de la péninsule d'Ojika (nord-est du Japon), ne fonctionne plus depuis la double catastrophe, dont elle est sortie avec des dégâts limités et un début d'incendie vite éteint.

La société qui l'exploite, Tohoku Electric Power, assure que ses trois réacteurs ne sont pas dangereux.

La température du combustible est sous contrôle, insiste-t-elle, et le niveau des rayonnements est «relativement bas».

Mais ces déclarations rassurantes ne suffisent pas à calmer l'anxiété de certains habitants, qui redoutent un «autre Fukushima».

À Onagawa, la vague du tsunami a atteint 15 mètres de haut, pulvérisant les habitations et allant jusqu'à faire dérailler les trains.

Kouki Onosaki, 18 ans, estime que «les gens vont être plus nombreux à partir qu'à rester».

«Si quelque chose arrive à la centrale nucléaire, il n'y aura aucun refuge possible», déclare-t-il. «Nous allons quitter cette ville où nous n'avons plus rien qui nous retient».

Le lycéen a perdu sa grand-mère et sa maison a été emportée par les flots.

L'inquiétude des habitants à propos de la centrale est alimentée par le manque de surveillance indépendante du taux de radioactivité ambiant.

Les autorités locales disposaient de sept dosimètres: quatre ont été mis hors service par le tsunami et les trois restants sont perturbés par les coupures de courant répétées.

Tohoku Electric Power, de son côté, affirme que son matériel fonctionne et qu'il n'y a rien d'anormal dans l'air.

Keiko Abe, 70 ans, a cru mourir emportée par le tsunami. Malgré ce traumatisme, elle se dit déterminée à rester, à proximité de la centrale.

«Tout ce que nous pouvons faire, c'est prier pour notre sécurité et supplier de ne pas laisser se reproduire un autre Fukushima ici».

La centrale sert de refuge à environ 200 rescapés du tsunami, mais l'AFP n'a pas été autorisée à les rencontrer à l'intérieur de l'enceinte.

Avant le 11 mars, l'archipel nippon comptait une cinquantaine de réacteurs en exploitation, dans des régions côtières urbanisées à forte densité de population.

Mais, alors que les autorités japonaises se débattent en pleine crise nucléaire, l'accident de Fukushima évoluant de plus en plus vers un désastre environnemental majeur, les détracteurs du nucléaire civil au Japon comptent relancer leur lutte.

Depuis le début de l'accident, toujours en cours, la centrale accidentée a rejeté de nombreux éléments radioactifs, à la fois dans l'air et dans l'océan Pacifique.

«C'est la preuve que le nucléaire n'est pas une source d'énergie propre», remarque Kouetsu Sugawara, un militant anti-nucléaire. «Il est temps d'envisager de nouvelles sources d'énergie dans le processus de reconstruction de cette région».

Les responsables municipaux d'Onagawa ont demandé à la centrale de renforcer ses digues anti-tsunami et d'observer la plus grande transparence dans sa communication, afin de rassurer la populations.

«Pour le moment nous concentrons nos efforts sur la recherche des personnes disparues et sur le soutien aux survivants», explique Toshiaki Yaginuma, porte-parole de la ville. «Une fois cela achevé, nous allons discuter des mesures de sécurité à la centrale».