Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé lundi à Tokyo pour dire «Plus jamais de Fukushima!», un peu plus de six mois après l'accident nucléaire.

Environ 60 000 personnes ont défilé, d'après les organisateurs, lors d'un des rassemblements les plus importants depuis le 11 mars, jour du séisme de magnitude 9 et du tsunami géant qui ont entraîné la défaillance de la centrale Fukushima Daiichi (220 km au nord-est de Tokyo) et des rejets massifs de radiation.

«Arrêt des centrales nucléaires! Plus jamais de Fukushima!», ont crié les manifestants, rassemblés à proximité du sanctuaire Meiji, dans le centre de la capitale, sous un soleil de plomb.

Présent, le prix Nobel de littérature Kenzaburo Oe a déclaré à la foule : «Certains disent qu'il est impossible de se passer d'énergie nucléaire, mais c'est un mensonge. L'énergie nucléaire est toujours accompagnée de destructions et de sacrifices».

Organisée par plusieurs associations antinucléaires, la manifestation a aussi attiré des riverains de Fukushima Daiichi qui ont été contraints d'évacuer leur domicile.

«Si nous n'arrivons pas à sortir du nucléaire maintenant, nous n'arriverons jamais à construire un monde sans cette énergie», a souligné Kazuhiro Hashimoto, un employé médical de la région de Fukushima.

«Il sera trop tard pour protester après le prochain accident nucléaire. Nous espérons que celui de Fukushima sera le dernier», a-t-il ajouté.

Le nouveau premier ministre japonais, Yoshihiko Noda, a promis d'annoncer d'ici à l'été 2012 une nouvelle politique énergique, où la part du nucléaire serait réduite au profit des énergies renouvelables.

Avant l'accident de Fukushima, le pire depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986, le Japon prévoyait d'augmenter la part du nucléaire dans son électricité d'un peu moins de 30% en 2010 à 50% d'ici à 2030.

Depuis le sinistre qui a imposé l'évacuation de 80 000 personnes, ce projet a été abandonné.

À plus court terme, les autorités prévoient néanmoins de redémarrer les réacteurs qui auront passé avec succès des tests de résistance. Seuls 11 des 54 tranches que compte l'archipel sont actuellement en exploitation commerciale, les autres ayant été arrêtées à cause d'un séisme ou par précaution depuis Fukushima.

«L'accident n'était pas une catastrophe naturelle, mais un désastre causé par l'homme», a estimé Taeko Henmi, une assistante maternelle de Fukushima. «Il faut arrêter ce que nous ne pouvons contrôler. Si nous échouons à agir, nous n'aurons pas d'avenir».

La peur des radiations a augmenté après l'annonce de contamination dans la chaîne alimentaire, des contrôles ayant révélé des taux de radioactivité supérieurs à la normale dans de la viande de boeuf, des légumes ou du thé.

Les autorités ont toutefois assuré que ces produits ne représentaient pas un risque «immédiat» pour la santé.