Une grosse, très grosse semaine attend Gerry Nérée, conseiller en immigration du Carrefour d'intercultures de Laval: les familles d'origine haïtienne ont jusqu'à mardi prochain pour envoyer à Québec une demande dans le cadre du programme spécial de parrainage. Après le 20 juillet, il sera trop tard. «Depuis ce matin, ça ne dérougit pas!»

Cinq mois avant la fin des mesures extraordinaires qui ont élargi la notion de réunification des familles haïtiennes touchées par le tremblement de terre, Québec a atteint le plafond des 3000 personnes qu'il s'était engagé à accueillir, a annoncé lundi la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Yolande James.

Le programme, annoncé le 3 février, permet aux citoyens canadiens et résidants québécois d'origine haïtienne de parrainer des membres de leur famille normalement exclus des programmes de parrainage, comme les frères et soeurs ainsi que les enfants adultes.

Le programme sera donc fermé avant qu'un seul Haïtien ne soit encore arrivé au Québec dans le cadre de ces mesures exceptionnelles. Le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles (MICC) a déjà délivré près de 1000 certificats de sélection du Québec et plusieurs centaines de demandes sont en traitement.

Les parrains sélectionnés doivent ensuite envoyer leur dossier à Ottawa, qui supervise l'examen médical et l'étude du dossier criminel. En date du 18 juin, Immigration Canada n'avait entrepris le traitement que d'une vingtaine de dossiers.

Course contre la montre

L'annonce a surpris M. Nérée, qui travaille pour l'un des cinq organismes désignés par Québec pour aider les parrains à remplir leur demande. Plusieurs personnes n'ont toujours pas envoyé leur dossier, croyant avoir jusqu'à la fin de l'année pour le faire et ignorant le plafond fixé par Québec. «Ça avançait tellement lentement, et on ne savait pas combien de demandes Québec avait déjà reçues, dit-il. Et aujourd'hui, on apprend qu'on a atteint le nombre de 3000!»

Certaines personnes attendent encore, selon M. Nérée, d'obtenir une preuve de garanties financières, comme une lettre d'employeur ou une copie de leur déclaration de revenus. D'autres doivent impérativement trouver un garant qui s'engagera avec eux à parrainer les nouveaux arrivants.

5000 dossiers en tout

La ministre Yolande James s'attend d'ailleurs à recevoir un nombre considérable de dossiers d'ici au 20 juillet et assure que toutes les demandes déposées avant mardi prochain seront étudiées.

Le plafond de 3000 personnes a été clairement fixé lors de l'annonce en février, a répété Mme James. La mesure «ne devait pas excéder la capacité d'accueil du Québec ni vider Haïti de ses forces vives», a expliqué la ministre en conférence de presse.

Selon le MICC, le taux de refus est d'environ 18%. La difficulté d'établir un lien de parenté avec le parrain est l'une des causes de rejet. «Au début, des gens présentaient leur dossier sans aucun document pour prouver le lien de parenté, dit la ministre. Il fallait faire des vérifications.»

La plupart des demandes acceptées jusqu'ici proviennent d'un seul parrain, sans que l'appui d'un autre garant financier ait été nécessaire.

En additionnant les demandes de parrainage faites dans le cadre des mesures extraordinaires et celles du programme courant, Québec s'attend à accueillir 5000 Haïtiens touchés par le séisme du 12 janvier.