Les rivaux républicains de Mitt Romney ont attaqué son passé d'homme d'affaires du secteur privé et l'ont défié de rendre publiques ses déclarations fédérales de revenus, lundi soir, lors du premier de deux débats devant avoir lieu cette semaine avant le scrutin primaire en Caroline du Sud plus tard cette semaine.

Une victoire de M. Romney, samedi, solidifierait son emprise sur l'investiture républicaine visant à sélectionner le candidat qui affrontera Barack Obama lors de l'élection présidentielle de novembre 2012.

Le président - affaibli par les problèmes de l'économie américaine - n'est pas perçu comme invincible dans sa quête d'un second mandat à la Maison-Blanche.

Les taux de chômage inlassablement élevés, l'imposante dette fédérale et les millions de résidences ayant fait l'objet de saisies représentent autant de problèmes toujours non solutionnés au moment où l'économie se relève, péniblement, de la Grande Récession de 2007 à 2009. Et de tous les grands thèmes auxquels sont confrontés les Américains, la relance de l'économie est ce qui importe le plus.

Le débat s'est amorcé quelques heures après que Jon Huntsman, un ancien gouverneur de l'Utah et l'un des plus modérés parmi les aspirants républicains à la présidence, se soit retiré de la course et donné son appui à Mitt Romney.

Ce désistement a soudainement relevé l'enjeu du débat - et de celui devant avoir lieu jeudi - pour Newt Gingrich, Rick Santorum, Ron Paul et Rick Perry.

Les sondages placent M. Romney comme grand favori en Caroline du Sud, un État reconnu pour son conservatisme, et ce malgré la méfiance ou l'ambivalence des électeurs républicains mécontents de ses prises de position passées sur des sujets tels l'avortement.

MM. Gingrich et Perry ont mené l'offensive contre M. Romney et son passé au sein de Bain Capital, une société de capital de risque qui achetait des entreprises dans l'espoir des les rendre plus compétitives.

«Dans certaines compagnies, il existait une pratique... visant à leur laisser d'énormes dettes et ensuite, un, deux ou trois ans plus tard, les pousser vers la faillite», a noté M. Gingrich.

«Je pense que c'est quelque chose à quoi il doit répondre», a ajouté l'ancien président de la Chambre des représentants.

De son côté, M. Perry a relaté le cas d'une aciérie en Caroline du Sud où, a-t-il affirmé, «Bain est arrivée dans le décor, a décortiqué l'entreprise et beaucoup de gens y ont perdu leur emploi».

«Je suis fier de mon passé», a rétorqué M. Romney, sans toutefois répondre à une demande formelle de dévoiler ses déclarations de revenus.

M. Romney a déclaré que l'industrie de l'acier était aux prises avec une concurrence déloyale venant de la Chine. Quant aux autres firmes, a-t-il déclaré, «quatre des entreprises dans lesquelles nous avons investi... ont abouti à environ 120 000 emplois».

«Quelques entreprises dans lesquelles nous avons investi n'ont pas réussi et ont mené à des pertes d'emplois», a reconnu M. Romney, sans donner plus de précisions.

C'est M. Perry qui a défié M. Romney, un multi-millionnaire, à dévoiler ses déclarations de revenus. Le gouverneur de l'État du Texas a confié l'avoir déjà fait et a dit s'attendre à ce que M. Gingrich le fasse également plus tard cette semaine.

À contrecoeur, M. Romney a fait savoir, lundi soir, qu'il pourrait rendre publiques ses déclarations de revenus ce printemps.

M. Romney, ancien gouverneur du Massachusetts, a remporté les caucus de l'Iowa et les primaires du New Hampshire, les deux seuls scrutins électoraux ayant eu lieu jusqu'à présent.

M. Gingrich a reconnu que M. Romney risquait d'être l'élu du Parti républicain si l'histoire se répète en Caroline du Sud, une affirmation qui a été contredite par aucun des autres candidats républicains.