L'épidémie d'Ebola a dépassé le cap des 4000 décès, tandis qu'à Madrid une aide-soignante atteinte par le virus continue de lutter contre la mort et que la peur conduit les États à renforcer les contrôles aux frontières.

L'épidémie partie de Guinée a fait à ce jour 4033 morts, selon le dernier bilan publié vendredi à Genève par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Critiqué pour son manque de réaction depuis l'hospitalisation tardive d'une aide-soignante qui a contracté le virus à Madrid, première contamination hors d'Afrique, le gouvernement espagnol a créé un comité ministériel de crise.

Les Nations Unies ont annoncé la mise en quarantaine de 41 membres de leur personnel au Liberia, l'un des pays les plus touchés par l'épidémie, après la découverte d'un deuxième cas de contamination en une semaine dans leurs rangs. La mission de l'ONU au Liberia compte 6.000 personnes.

Alors que le principal centre de traitement de Médecins sans frontières (MSF) était proche de la «saturation» en Guinée, des personnels de santé du Liberia ont entamé vendredi un débrayage pour réclamer des primes de risque.

Le gouvernement libérien a interdit à la presse l'accès aux centres de traitement d'Ebola, l'empêchant de couvrir ce mouvement de grève.

Après les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui ont décidé d'envoyer des troupes et des médecins en Afrique de l'Ouest, les Philippines ont annoncé étudier le déploiement d'un nombre substantiel de travailleurs de santé.

Avec les voyageurs, les alertes se multiplient à travers le monde. Le Brésil a annoncé l'hospitalisation d'un cas suspect, un Guinéen de 47 ans arrivé d'Afrique il y a trois semaines. Le ministre brésilien de la Santé a précisé vendredi que les résultats des analyses réalisées sur ce patient, qui n'avait plus de fièvre et ne présentait pas d'autres symptômes, étaient attendus d'ici 24 heures.

L'aéroport J.F. Kennedy à New York devait renforcer dès samedi le contrôle des voyageurs en provenance des trois pays africains les plus touchés par l'épidémie, Guinée, Liberia et Sierra Leone. Le Canada a annoncé des mesures similaires et a demandé à ses ressortissants de quitter les pays les plus touchés.

Londres a aussi décidé de renforcer le dépistage aux aéroports de Heathrow et Gatwick et aux terminaux de train Eurostar pour les personnes provenant de ces trois pays.

Le monde du sport est également affecté. Le gouvernement marocain a demandé vendredi le report de la Coupe d'Afrique des nations de football (CAN-2015), prévue du 17 janvier au 8 février dans le royaume, en raison de l'épidémie qui sévit dans l'ouest du continent africain.

Le premier cas de contagion hors d'Afrique, et le décès mercredi d'un patient sur le sol des États-Unis, ont donné une dimension planétaire à l'angoisse: fausses alertes, rumeurs, hospitalisations de précaution se sont multipliées ces derniers jours.

À New York, quelque 200 personnes employées à nettoyer les cabines des avions se sont brièvement mises en grève à l'aéroport La Guardia mercredi soir, inquiètes des risques. Elles devaient reprendre le travail, après avoir reçu une formation.

Rumeurs et désinformation

La France a annoncé l'entrée en service samedi d'un numéro de téléphone gratuit pour informer le public. La région de Madrid l'a déjà fait pour tenter de lutter contre les faux bruits qui circulent sur les réseaux sociaux.

En France, après un cas de panique dans une école primaire accueillant des enfants arrivés de Guinée, un bâtiment public en banlieue parisienne a été brièvement bouclé jeudi après le malaise d'un jeune homme, lui aussi arrivé de Guinée, une fausse alerte.

En Espagne, les collègues de l'aide-soignante contaminée ne pouvaient s'empêcher d'avoir peur d'être à leur tour touchés, entraînant la désaffection du personnel censé s'occuper de la patiente à titre volontaire, c'est-à-dire en provenance d'autres services, selon Charly Manuel Torres, un des infirmiers qui s'occupe d'elle.

La colère du personnel soignant est d'autant plus forte qu'il attribue une partie des difficultés aux coupes sombres réalisées dans le secteur de la Santé au plus fort de la crise espagnole.

«Il y a beaucoup de gens qui viennent travailler, nettoyer, et ils doivent tous savoir qu'ils ont l'appui, le soutien et l'affection de l'immense majorité des Espagnols», a déclaré le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, lors de sa première visite à l'hôpital La Paz Carlos III où Teresa Montero lutte contre la mort.

Trois personnes supplémentaires ne présentant pas de symptômes de la fièvre hémorragique, mais pouvant avoir été en contact avec l'aide-soignante ont été placées en observation à titre préventif vendredi, ont annoncé les autorités, ce qui porte à 17 le nombre de personnes admises dans cet hôpital madrilène doté d'un service spécialisé dans les maladies infectieuses et tropicales.

La fièvre hémorragique à virus Ebola tue environ sept malades sur dix, selon l'OMS.

L'infection se produit par contact direct avec les fluides corporels, sang, liquides biologiques ou sécrétions. La période d'incubation va de 2 à 21 jours. Le patient devient contagieux à partir du moment où des symptômes se manifestent, mais ne l'est pas pendant la période d'incubation.

TROIS PAYS PARTICULIÈREMENT TOUCHÉS: LIBERIA, GUINÉE ET SIERRA LEONE

L'épidémie, la plus grave depuis l'identification du virus en 1976, est partie de Guinée fin décembre 2013. Depuis, il y a eu 2316 morts au Liberia sur 4076 cas.

Il y a eu 778 morts en Guinée sur 1350 cas, et 930 morts sur 2950 cas en Sierra Leone.

Les personnels de santé sont particulièrement touchés, avec 233 morts sur 416 infections.

UN FOYER DISTINCT EN RDC

Une épidémie d'Ebola sévit par ailleurs dans une région reculée du nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC), distincte de celle qui frappe l'Afrique de l'Ouest.

Elle a tué 43 personnes sur 71 cas depuis qu'elle a fait son apparition le 11 août, selon un bilan daté du 7 octobre.

L'OMS a décidé de diviser en deux groupes les pays touchés par l'épidémie.

Le premier groupe est composé des trois pays les plus atteints (Liberia, Sierra Leone et Guinée), et le deuxième groupe compte le Nigeria, le Sénégal, les États-Unis et l'Espagne).

Le bilan au Nigeria et au Sénégal est inchangé dans ce dernier bilan, soit 20 cas, dont huit mortels au Nigeria, et un cas au Sénégal.

AILLEURS EN AFRIQUE

Nigeria: 8 morts sur 20 cas (compris dans le bilan global).

Sénégal: un cas enregistré, un étudiant guinéen dont la guérison a été annoncée par les autorités le 10 septembre. Ce cas est compris dans le bilan des cinq pays touchés.

La maladie, aussi appelée fièvre hémorragique à virus Ebola, atteint un taux de létalité d'environ 70 % selon une étude de l'OMS.

L'infection se produit par contact direct avec les fluides corporels, sang, liquides biologiques ou sécrétions. La période d'incubation va de deux à 21 jours. Le patient devient contagieux à partir du moment où des symptômes se manifestent. Il ne l'est pas pendant la période d'incubation.

Selon l'OMS, il est possible de dire qu'il n'y a plus de transmission d'Ebola dans un pays «42 jours après le dernier cas enregistré».

Trois personnes supplémentaires placées en observation à Madrid

Trois personnes supplémentaires ne présentant pas de symptômes de la fièvre hémorragique Ebola mais pouvant avoir été en contact avec l'aide-soignante contaminée ont été placées en observation vendredi à l'hôpital La Paz Carlos III de Madrid, ont annoncé les autorités.

Cela porte à 17 le nombre des personnes admises dans cet hôpital en relation avec la crise du virus Ebola.

Les trois nouvelles hospitalisations préventives ont été annoncées dans un communiqué par le comité interministériel spécial créé par le gouvernement espagnol pour gérer la crise. Le communiqué souligne que ces trois personnes ne présentent pas de symptômes de contamination par Ebola.

Le seul cas confirmé en Espagne est actuellement celui de Teresa Romero, qui lutte contre la fièvre hémorragique à l'hôpital Carlos III. Cette aide-soignante âgée de 44 ans a semble-t-il été contaminée en traitant l'un des deux missionnaires espagnols rapatriés en août et en septembre après avoir été contaminés en Afrique et qui sont morts dans cet hôpital. Teresa Romero a été déclarée positive au virus Ebola lundi dernier.