Dès qu'un cataclysme survient, Médecins sans frontières vole au secours de la population. Mais tous les «sans frontières» (SF) ne sont pas immédiatement dépêchés sur le terrain lors d'une crise. En fait, plusieurs d'entre eux préfèrent développer des collaborations à long terme avec d'autres pays plutôt que de jouer les pompiers humanitaires.

De fait, les professionnels québécois relevant de Terre sans frontières (TSF) ne sont pas débarqués à Haïti dans les semaines suivant le séisme; les dentistes, par exemple, ont déjà des missions préparées de longue date en Bolivie, en Équateur, au Honduras ou au Congo.

 

Les Cuisiniers sans frontières et l'antenne québécoise de Clowns sans frontières sont exceptionnellement intervenus au coeur de la crise haïtienne.

«Nous avons joué deux fois par jour à Port-au-Prince», raconte la directrice, Katel Lefustec, qui a été associée avec les scouts haïtiens pour préparer la tournée des bouffons. Les Clowns connaissaient également le pays pour y avoir présenté leurs blagues ces dernières années.

 

Cuisine SF

Les cuistots, eux, ont été enrôlés dans l'équipe du Centre d'étude et de coopération internationale (CECI). «Notre créneau est d'enrayer la pauvreté avec la cuisine», dit Catherine Cafiti, qui faisait partie de la délégation.

«Nous ne sommes pas un organisme d'urgence. Pour Haïti, on est sorti de notre mandat de développement à long terme.» Les Cuisiniers ont notamment des projets à Madagascar.

La majorité des SF se distinguent aussi de Médecins sans frontières en n'usant pas d'un droit de parole aussi incisif que les French Doctors. Cette prise de parole est pourtant au coeur de la création du premier «sans frontières».

En divorçant de la Croix-Rouge au début des années 70, les MSF ne voulaient plus être contraints à la neutralité pour pouvoir dénoncer publiquement la violence dont ils étaient témoins.

«L'action humanitaire ne peut pas résoudre toutes les souffrances, dit Françoise Saulnier, directrice juridique de MSF. Quand on est face à la destruction totale, il ne faut pas faire comme si de rien n'était. Et ce n'est pas parce qu'on ne peut pas l'arrêter qu'il faut se taire et continuer à dire qu'au minimum, on va alléger les souffrances.»

Très peu de «sans frontières» prennent ainsi position publiquement, notamment parce qu'elles se retrouvent moins souvent au coeur des conflits les plus sanglants de la planète. C'est le cas de TSF.

«On laisse ça à d'autres, dit Philippe Legault. Notre mission est de réaliser des projets et d'apporter de l'aide aux démunis. Dans notre cas, les association et les ordres professionnels sont associés à nous. On ne voudrait pas les placer dans des positions difficiles en prenant position, par exemple, en décriant le peu de ressources en santé dentaire dans un pays.»