Pressenti comme prochain premier ministre du Royaume-Uni, David Cameron a tenté de prouver aux électeurs qu'il pouvait sortir le pays de l'ornière économique hier. À la conférence des conservateurs, le chef de l'opposition a galvanisé ses troupes avec un discours vibrant, se présentant comme le sauveur de la «société brisée» britannique.

Traité de «novice» par le premier ministre Gordon Brown la semaine dernière, David Cameron a répondu qu'il avait «le caractère et le jugement» pour diriger le pays.

 

«Pour rebâtir l'économie, nous avons besoin de changement. L'expérience de Gordon Brown - ancien ministre des Finances - nous a menés vers des dettes publiques massives», a expliqué le chef conservateur à Birmingham hier.

David Cameron, qui a dû réécrire son discours à la suite des événements financiers de lundi, a promis un gouvernement moins dépensier. «Si nous sommes élus, nous hériterons d'un énorme déficit et d'une économie en difficulté. Nous devrons prendre des décisions difficiles et impopulaires pour le bien de notre pays. Je le sais et je suis prêt pour ça», a-t-il dit d'un air grave.

Modernisateur de son parti, le populaire jeune politicien de 41 ans - il est en avance de 12% dans les intentions de vote - n'a plus beaucoup de temps pour prouver qu'il a la trempe d'un premier ministre. Les prochaines élections générales doivent se tenir au plus tard en mai 2010. Toutefois, plusieurs analystes politiques croient qu'elles pourraient avoir lieu au printemps prochain.

Surnommé le «Tony Blair conservateur», David Cameron plaît aux électeurs, sondage après sondage. Contre toute attente, il a réussi à faire oublier ses origines privilégiées et nobles - il est un descendant du roi William IV - en se montrant plus humain que Gordon Brown.

«David Cameron est le premier chef conservateur avec qui j'ai eu envie de m'asseoir pour discuter», a dit Lola Adedoyin, membre du parti, à La Presse mardi.

Manque de substance

Toutefois, comme pour Barack Obama, il est accusé de manquer de substance. Interrogés sur les convictions politiques de leur chef, les conservateurs que nous avons sondés mardi hésitaient quelques secondes avant de répondre. «Il veut un gouvernement réduit et responsable», dit Mme Adedoyin. «Il croit en la famille», a répondu le candidat parlementaire Rahoul Bhansali.

Après son discours d'hier, les conservateurs n'en savent pas beaucoup plus long sur le programme de David Cameron, croit le politologue Rodney Barker. «Son discours était bon mais dénué de mesures politiques, dit le professeur de la London School of Economics. Il n'a pas vraiment expliqué ce qu'il ferait pour aider les familles face à l'instabilité des marchés financiers et à la hausse des coûts de l'énergie.»

Or, seulement 33% des électeurs croient que David Cameron ferait un meilleur premier ministre en temps de crise, en comparaison des 43% pour Gordon Brown, selon un sondage publié par The Independent mardi.

Pour réparer la «société brisée» britannique, le leitmotiv de David Cameron pour résumer les problèmes de criminalité et de dépravation sociale, il propose de «renforcer les familles». Comment? Avec des horaires de travail flexibles et des crédits d'impôt aux couples mariés. «La famille est le meilleur filet social qu'il y a», a-t-il dit hier.

Une vision très traditionnelle, selon Rodney Barker. «C'est une présentation homogène et non égalitaire de la société», dit-il en entrevue téléphonique.

David Cameron a bien fait de miser sur sa personnalité plutôt que sur des projets politiques, écrivait la célèbre chroniqueuse de droite Janet Daley dans son blogue hier. «C'est une formule qui a fait ses preuves aux États-Unis et qui pourrait réussir ici aussi», suggérait-elle.