Des documents de l'armée américaine obtenus par des associations montrent que les Etats-Unis ont exporté sur le sol américain des méthodes de détention pratiquées à Guantanamo à l'encontre de trois hommes soupçonnés de terrorisme.

En vertu de la loi sur la liberté d'informer, qui permet d'avoir accès à des documents publics non classés, l'association de défense des libertés civiles (ACLU) et l'université de droit de Yale (Connecticut) ont pu se procurer ces documents, ont-elles annoncé mercredi dans un communiqué.

Il s'agit d'échanges de courriels montrant l'existence de désaccords entre des soldats de la marine américaine et leurs supérieurs quant aux conditions de détention de trois hommes qui sont passés par des prisons militaires situées en Virginie ou en Caroline du Nord.

Il s'agit du Qatari Ali Al-marri, seul «combattant ennemi» emprisonné non à Guantanamo mais aux Etats-Unis et arrêté quelques semaines après le 11 septembre 2001 alors qu'il y séjournait avec un visa en règle, et de deux citoyens américains.

Le premier, José Padilla, a été condamné en janvier 2008 à 17 ans et demi de prison pour des liens avec Al-Qaïda, le deuxième, Yaser Hamdi, est aussi passé par Guantanamo avant d'être transféré en Arabie Saoudite.

Les soldats étaient «très préoccupés par les effets du régime d'isolement auquel étaient soumis les trois hommes» et par «la réticence du Pentagone à laisser les détenus avoir accès à un avocat ou à être informés sur leur sort», a détaillé l'association.

Les documents, selon elle, montrent que les «normes de procédures opérationnelles» en vigueur à Guantanamo - un document de 250 pages publié en mars 2003 par l'armée - ont été utilisées sur le sol américain, et ceci malgré «les tentatives des soldats pour améliorer ces conditions de détention sévères».

Ali Al-Marri, toujours emprisonné en Caroline du Nord, ainsi que José Padilla, transféré dans une prison fédérale, ont assuré avoir subi des violences (privations de sommeil, isolement prolongé, obligation de rester dans des positions très inconfortables, menaces pendant les interrogatoires).

«L'application des protocoles de Guantanamo sur le sol américain est très significatif et montre à quel point l'administration est allée loin dans le non-respect de la loi», a estimé Jonathan Hafetz, un avocat de l'ACLU.