Le Pentagone a annoncé mardi avoir abandonné les accusations contre cinq détenus de Guantanamo, dont un Britannique, poursuivis pour «complot» et «soutien matériel au terrorisme», sans exclure d'éventuelles nouvelles inculpations.

Le bureau des commission militaires, des tribunaux militaires d'exception créés spécifiquement pour juger la vingtaine de détenus de Guantanamo inculpés, «a abandonné les accusations pesant contre cinq détenus de Guantanamo», a déclaré Jeffrey Gordon, un porte-parole du Pentagone dans un communiqué.

Parmi eux, Binyam Mohammed, un Britannique né en Ethiopie qui avait été inculpé fin mai pour avoir envisagé un attentat à la bombe radiologique ou «bombe sale» contre les Etats-Unis.

«Le procureur général, le colonel Lawrence Morris, a récemment nommé de nouvelles équipes d'accusation qui vont revoir les preuves et documents disponibles, se coordonner avec les agences de renseignement et recommander quelles actions il convient de mener dans chaque cas», a ajouté M. Gordon.

Les quatre autres hommes sont Noor Uthman Mhammed, un Soudanais, Sufyiam Barhoumi, un Algérien, Ghassan Abdullah al Sharbi et Jabran Said Bin al Qahtani, tous deux Saoudiens.

Tous risquaient la prison à vie.

Un peu avant cette annonce mardi, à Londres, l'organisation britannique d'avocats qui représente notamment Binyam Mohammed, Reprieve, a assuré avoir été informée par l'armée américaine qu'«elle allait à nouveau l'inculper d'ici un mois, après l'élection» présidentielle américaine du 4 novembre.

«Loin d'être une victoire pour M. Mohamed dans la longue lutte pour la justice, ce n'est rien d'autre que la même farce qu'est Guantanamo», a ajouté dans un communiqué Clive Stafford Smith, un des avocats de Binyam Mohamed.

Il a estimé que cette décision d'abandonner les chefs d'inculpation était liée à la démission fracassante fin septembre du lieutenant-colonel Darrel Vandeveld, procureur dans la procédure en cours contre Mohammed Jawad, un jeune Afghan arrêté à 16 ans pour avoir lancé une grenade sur un véhicule militaire américain et blessé deux soldats.

«Le Pentagone a l'intention de relancer les inculpations contre M. Mohamed d'ici trente jours et d'avancer que l'intervention par les nouveaux représentants de l'accusation militaire a comblé les défaillances pointées du doigt par M. Vandeveld», a poursuivi Me Smith.

Selon plusieurs avocats, le gouvernement tenterait ainsi d'éviter d'avoir à produire des documents prouvant que ces détenus ont été victimes d'interrogatoires musclés, privations de sommeil et humiliations, et que les preuves qui en ressortent sont entachées d'illégalité.

La démission de M. Vandeveld représentait une nouvelle claque pour l'administration Bush dans sa gestion du dossier Guantanamo.

Actuellement, un seul procès est allé à son terme à Guantanamo, celui de Salim Hamdan, un Yéménite, ancien chauffeur de Oussama ben Laden.

Le procès du Yéménite Ali Hamza Ahmad al-Bahlul est programmé pour lundi prochain et celui de Omar Khadr, un citoyen canadien arrêté à l'âge de 15 ans, pour la mi-novembre.

En 2007, un Australien avait plaidé coupable en échange de son transfert dans son pays et d'une peine réduite à neuf mois de prison.