À 23 heures tapant, tout le monde s'est levé le poing en l'air, en scandant «Obama». Déguisée en statut de la liberté, Sandra Thilips brandisait son drapeau américain. «C'est le vent du changement», se réjouissait-elle.

 Nous n'étions pas à Chicago, mais à Montréal. Mme Thilips est l'une des nombreux partisans démocrates qui se sont entassés au Burgundy Lion pub, ce soir, rue Notre-Dame ouest. C'était la soirée électorale officielle du chapitre montréalais de Democrats Abroad, l'organisation qui regroupe les expatriés démocrates.

Quand CNN a annoncé la victoire probable d'Obama, c'était la cohue. Dans le fond de la salle, Davidé Ward-Mathis avaient les yeux humides. L'homme de race noire répétait : «je ne peux pas y croire, je ne peux pas y croire».

Pour lui, l'accession à la présidence américaine d'une personne afro-américaine représente le passage à l'an zéro d'une nouvelle époque. «Je pense que ça va faire disparaître tout le ressentiment qui a été causé par le racisme», dit-il.

Sepand Tehrani est Américain, mais il a décidé de rester à Montréal après la fin de ses études à McGill. Avec la victoire d'Obama, ce soir, c'est la première fois en six ans qu'il songe à retourner en Californie. «Je sens que j'ai peut-être quelque chose en commun avec les Américains, dit-il. Avec Obama, je ne me sentirai plus comme un citoyen de deuxième classe, comme me faisait sentir les autres politiciens.»

Pour Debra Lazar, une femme américaine qui a marié un Montréalais il y a 20 ans, c'est sans contredit l'élection la plus importante de sa vie. «Durant les nuit dernières années, Bush a ruiné l'image des États-Unis. Obama peut changer cette attitude. J'ai deux enfants à l'université et je veux qu'ils se sentent bien.»

La plupart des gens présents au Burgundy Lion Pun étaient à des fans purs et durs de Obama. Mais pas Sandra Thillips. Déçue de ne pas voir Hillary Clinton dans la course à la présidence, elle avait pensé voter pour McCain, mais finalement, son choix s'était arrêté sur Obama.

Maintenant, elle était à 100% derrière lui. « Je pense qu'il appelle le calme, l'intelligence et la balance», a dit la mère de trois enfants.

Habituellement, Mme Thilips regarde les élections américaines dans le confort de son salon. Mais pas hier soir. «C'est un moment historique. Je voulais être en quelque part pour vivre ce moment.»