Le président élu des États-Unis Barack Obama n'a pris aucun engagement sur la poursuite éventuelle du bouclier antimissile américain en Europe de l'est, a indiqué l'un de ses conseillers, paraissant contredire des déclarations du président polonais Lech Kaczynski.

Le conseiller de M. Obama pour la politique étrangère Dennis McDonough a indiqué que le président élu n'avait pris aucune position définitive sur ce programme. M. Obama a «eu une bonne conversation avec le président polonais et le premier ministre (Donald Tusk) sur l'importance de l'alliance entre les États-Unis et la Pologne», a indiqué M. McDonough dans un communiqué. «Le président Kaczynski a évoqué la défense antimissile mais le président élu Obama n'a pris aucun engagement là-dessus», a souligné M. McDonough.

«Sa position est la même que pendant toute sa campagne: il soutient le déploiement d'un système de défense antimissile quand il sera prouvé que la technologie est utilisable», a expliqué le conseiller.

La présidence polonaise avait fait état samedi d'une conversation téléphonique la veille au soir entre les deux hommes, affirmant que Barack Obama avait promis de poursuivre le projet de bouclier anti-missile européen en Pologne.

«Barack Obama a souligné l'importance du partenariat stratégique entre la Pologne et les États-Unis, il a exprimé l'espoir de poursuivre la coopération politique et militaire entre les deux pays. Il a également informé que le projet de bouclier antimissile sera poursuivi», indiquait la présidence polonaise dans un communiqué.

Washington vient de faire de nouvelles propositions à la Russie afin d'atténuer l'opposition de Moscou au projet de bouclier antimissile qui y voit une atteinte à sa sécurité. Le négociateur américain John Rood a précisé jeudi qu'elles ont été envoyées «en début de semaine» dernière.

Le Kremlin, rendant compte d'un entretien téléphonique bilatéral, a annoncé samedi que le président russe Dmitri Medvedev et M. Obama voulaient se rencontrer «prochainement» afin d'évoquer les relations très tendues entre les deux grandes puissances. Selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, l'entretien pourrait avoir lieu le 15 novembre en marge d'un sommet du G20 à Washington sur la crise financière.

Mercredi, M. Medvedev avait appelé à «un dialogue constructif» russo-américain, dans un télégramme de félicitations à M. Obama. Mais en parallèle, dans son premier discours à la Nation, il s'était lancé dans une violente diatribe contre les États-Unis, les jugeant responsables de la crise financière et de la guerre en Géorgie en août.

Dans la foulée, il annonçait le déploiement de missiles Iskander dans l'enclave russe de Kaliningrad, coincée entre la Pologne et la Lituanie, en réponse à l'installation par les États-Unis en Pologne et en République tchèque d'éléments de leur bouclier antimissile.

Washington a récemment signé avec Prague et Varsovie des accords pour la mise en place, à l'horizon 2013, d'un puissant radar en République Tchèque, qui doit être couplé à dix intercepteurs basés en Pologne, pour contrer de possibles attaques de missiles balistiques de longue portée.

Les États-Unis affirment que l'installation du bouclier -- approuvée par l'OTAN en février -- vise à repousser des missiles pouvant être lancés par des États ennemis des États-Unis comme l'Iran, qui pourraient, selon eux, développer des missiles à tête nucléaire d'ici 2015-2017.