Neuf musulmans, dont huit ayant la nationalité américaine, ont été débarqués d'un vol intérieur aux États-Unis, après la plainte de deux passagers qui ont dit les avoir entendus tenir des propos menaçant la sécurité, ont rapporté vendredi deux d'entre eux.

Le groupe, parmi lequel figurent trois enfants, se trouvait jeudi à l'aéroport de Washington à bord d'un vol de la compagnie à bas coûts AirTran à destination d'Orlando en Floride (sud-est), où ils devaient effectuer une retraite religieuse, lorsqu'ils ont dû descendre de l'avion. Ils ont finalement reçu l'aval de la police fédérale (FBI) et ont pu reprendre leur voyage, mais bien que le FBI et la compagnie aient qualifié l'incident de «malentendu», AirTran a refusé de les placer sur un nouveau vol, et ils ont poursuivi leur parcours avec une autre compagnie aérienne, ont raconté deux des passagers débarqués, Kashif et Atif Irfan.

Kashif Irfan, 34 ans, a indiqué au quotidien Washington Post que son jeune frère Atif et sa femme «discutaient de certains aspects de la sécurité de l'aéroport», s'interrogeant notamment sur la place la plus sûre à bord d'un avion.

«La seule chose que mon frère a dite était: +oh, les réacteurs sont juste à côté de ma fenêtre+», a ajouté M. Irfan qui se trouvait également à bord avec sa femme, une belle-soeur, un ami, et ses trois fils de sept, quatre et deux ans.

Selon lui, ils ont été débarqués à cause de leur apparence, les hommes portant la barbe et les femmes un foulard.

Pour Atif Irfan, 29 ans, «la faute est à attribuer à la compagnie aérienne, parce qu'ils ont déclenché l'affaire. Les hôtesses ont été interpellées par deux jeunes filles. C'était au pilote de prendre la décision finale de nous laisser à bord ou non».

Concernant la conversation qui a déclenché l'affaire, il a souligné sur la chaîne CNN, qu'il avait «fait attention à ne pas utiliser de mots clés comme bombe, menace ou tout ce qui risquait de nous placer dans une situation volatile», mais que malheureusement ces précautions n'avaient pas suffi.

Un porte-parole d'AirTran, Tad Hutcheson, a défendu la compagnie en affirmant qu'«au bout du compte, des gens sont montés à bord et ont fait des réflexions qu'ils n'auraient pas du faire dans un avion».

«D'autres les ont entendus, les ont mal interprétés. Il se trouve que ces gens étaient de confession et d'apparence musulmane», a-t-il ajouté.

«Cela s'est intensifié, est devenu incontrôlable, et tout le monde a pris des précautions», a poursuivi le porte-parole.

Le pilote a reporté le départ de l'avion, et les autorités fédérales ont fait descendre les 104 passagers et leurs bagages, afin de tout réexaminer. L'avion a ensuite décollé avec deux heures de retard, mais sans les neuf passagers.

Pour Ellen Howe, porte-parole de l'agence chargée de la sécurité dans les transports (TSA), le pilote a agi de façon appropriée.

«Quelqu'un a entendu quelque chose d'inadéquat, et la compagnie a décidé d'agir. Nous soutenons absolument la décision (du pilote)», a-t-elle dit.

Kashif Irfan est anesthésiste et son frère de 29 ans est avocat. Tous deux vivent à Alexandria, près de la capitale avec leurs familles et sont nés à Détroit (Michigan, nord), indique le Washington Post.