Le candidat choisi par le futur président américain Barack Obama pour diriger le département du Trésor en pleine crise financière a reconnu mardi avoir oublié de payer 34 000 $ US d'impôts de 2001 à 2004, un souci de dernière minute que les démocrates du Sénat se sont efforcés de balayer avant d'avaliser sa nomination.

Considéré comme l'une des pièces maîtresses du dispositif imaginé par l'équipe du président-élu pour relancer l'économie américaine, M. Geithner a réglé ses impôts en retard quelques jours avant que Barack Obama n'annonce l'avoir sélectionné, en novembre, d'après les informations dont dispose la commission des finances du Sénat.

Le problème concerne des prélèvements fiscaux que Timothy Geithner aurait dû payer lorsqu'il travaillait pour le Fonds monétaire international (FMI), de 2001 à 2004. Ce brillant spécialiste des marchés financiers a versé une première partie de ses impôts en retard en 2006, après avoir reçu un rappel du fisc pour les années 2003 et 2004. Mais ce n'est que quelques jours avant que M. Obama ne le choisisse à la tête du département du Trésor qu'il a payé le reste, pour 2001 et 2002.

Ces impayés ont en effet été découverts par l'équipe de transition d'Obama, qui enquêtait sur les antécédents de M. Geithner, découvrant que ce dernier avait commis la même erreur que celle décelée par le fisc lors de ses deux premières années au sein du FMI.

La commission des finances du Sénat a aussi révélé que M. Geithner a brièvement eu recours à une employée de maison en 2005 dont le titre de séjour en tant que travailleur immigré avait expiré.

L'équipe de transition présidentielle a informé le Sénat de cette situation le 5 décembre, mais la plupart de ses membres n'en ont été informés que très récemment. Ces révélations apparaissent comme une embûche sur le chemin tout tracé qui devait permettre à M. Geithner de voir approuver sa nomination.

«Ces erreurs n'étaient pas intentionnelles, ce sont des erreurs de bonne foi», a tempéré le président de la commission des finances du Sénat, Max Baucus, après une réunion à huis clos avec l'intéressé mardi soir. Le sénateur républicain de l'Iowa Charles Grassley, qui siège également à la commission, considère néanmoins ces révélations comme «graves» et estime qu'il «reste à déterminer» si elles disqualifient ou non Timothy Geithner, selon son porte-parole Jill Kozeny.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat Harry Reid a qualifié ces informations de «petite anicroche» et assuré qu'il n'était «pas inquiet du tout» de leur éventuel impact.

Barack Obama a réaffirmé son soutien à Timothy Geithner. «Il a dédié sa carrière à notre pays et l'a servi avec honneur, intelligence et distinction», a souligné le porte-parole du président-élu Robert Gibbs. «Ses états de service ne devraient pas être ternis par des erreurs commises de bonne fois et qu'il a rapidement réparées, une fois informé.»

Selon l'équipe de M. Obama, cette erreur est courante parmi les personnes rémunérées par des organisations internationales ou des ambassades étrangères.

Mais certains experts contredisent cette affirmation. Tom Ochsenschalger, responsable des impôts au sein de l'Institut américain des experts-comptables (AICPA), affirme qu'il est difficile pour une personne remplissant sa feuille d'impôts de salarié indépendant d'oublier les cases concernant la Sécurité sociale. «C'est une erreur tellement basique que je me demande en quelque sorte si nous connaissons tous les faits», s'interroge-t-il.

Timothy Geithner est le second personnage désigné par Obama sujet à controverse. Bill Richardson, choisi pour être secrétaire au Commerce, a dû renoncer à ce poste le 4 janvier après l'annonce d'une enquête concernant un contrat qui aurait été passé illégalement entre une société et l'Etat du Nouveau-Mexique, dont il est le gouverneur.