Une semaine à peine après son arrivée à la tête de la diplomatie américaine, Hillary Clinton a d'ores et déjà imprimé sa marque au département d'Etat, où elle a lancé une opération de charme aux accents politiciens.

Dès son arrivée jeudi dernier dans l'austère bâtiment du ministère américain des Affaires étrangères, dans le centre de Washington, l'ancienne Première dame des Etats-Unis a donné le ton du changement en annonçant une «nouvelle ère» pour l'Amérique et la politique étrangère américaine, marquée par l'ouverture et le dialogue.

Accueillie par les vivats, elle a aussitôt pris au milieu des employés du ministère un bain de foule digne de la campagne électorale qu'elle a menée tambour battants pendant plus d'un an avant de s'incliner devant son concurrent démocrate Barack Obama.

Pour rompre clairement avec l'administration du président George W. Bush, accusée de recourir trop facilement à l'usage de la force militaire, elle a recadré la politique étrangère américaine selon trois axes: diplomatie, développement et défense.

Joignant le geste à la parole, elle s'est déplacée dès le lendemain vers l'immeuble de l'agence américaine de développement international USAID, où elle a promis aux employés fonds supplémentaires et volonté politique avant de plonger dans l'assistance pour serrer des dizaines de mains.

Puis en quelques jours, elle a énoncé les priorités de la nouvelle diplomatie américaine en nommant trois émissaires: l'ancien sénateur George Mitchell pour le Proche-Orient, le diplomate Richard Holbrooke chargé de l'Afghanistan et du Pakistan, et un ancien conseiller de son mari Bill, Todd Stern, chargé du réchauffement climatique.

Alors que du temps de l'ex-secrétaire d'Etat Condoleezza Rice ces cérémonies de nomination se limitaient à un exercice formel, courtois mais bref, Mme Clinton leur a donné des allures de meeting électoral, plongeant dans l'assistance dès la cérémonie achevée pour serrer le plus de mains possible.

Elle a cependant pris soin d'assurer que la rivalité avec M. Obama était belle et bien finie et que la nouvelle administration américaine travaillerait «en équipe».

Elle a d'ailleurs participé lundi à l'entretien du président américain avec M. Mitchell à la Maison Blanche, juste avant le départ de l'émissaire pour sa première mission au Proche-Orient, et pris mardi matin le petit déjeuner avec le vice-président Joe Biden, un ancien sénateur très intéressé par les questions de politique étrangère qu'elle a qualifié de «vieil ami très cher».

Pour son premier contact avec la presse, au lieu d'une conférence de presse formelle et télévisée, Mme Clinton a choisi de venir rencontrer la quinzaine de journalistes disposant d'un espace de travail au département d'Etat.

Pressée de questions sur les projets de l'administration, elle a évité tous les pièges, s'abstenant de se prononcer sur les sujets potentiels de conflit avec le reste du gouvernement.

Les victimes civiles des bombardements meurtriers attribués aux Etats-Unis dans les zones frontalières de l'Afghanistan et du Pakistan? «Je ne parlerai pas de ça».

Le dialogue avec l'Iran? Il y a «beaucoup de choses que nous envisageons et dont je ne souhaite pas discuter».

Elle a usé en revanche d'un ton très diplomatique à l'égard de la Chine, souhaitant «un dialogue sur tous les sujets» avec ce pays, en accord avec son «rôle important» dans le monde.

En une semaine, la secrétaire d'Etat a téléphoné à 37 chefs d'Etat, de gouvernement ou de diplomatie, selon son service de presse. Ce qu'elle a retiré de ces conversations, a-t-elle noté, c'est qu'avec le président Obama, «le monde pousse un grand soupir de soulagement» et que l'administration Bush a fait «beaucoup de dégâts».