Le président américain Barack Obama effectue jeudi au Canada son premier voyage à l'étranger depuis son arrivée au pouvoir, une visite de travail qui devrait être dominée par l'économie.

Ce déplacement ne devrait durer qu'environ six heures, le temps d'entretiens, d'un déjeuner de travail et d'une conférence de presse avec le Premier ministre Stephen Harper. M. Obama rencontrera également Michael Ignatieff, nouveau chef du Parti libéral, principale formation d'opposition.

Les deux pays sont de solides alliés et les plus grands partenaires commerciaux de la planète, avec des échanges qui ont dépassé 500 milliards de dollars en 2007, selon l'ambassade des Etats-Unis à Ottawa.

M. Harper, qui a été reconduit au pouvoir à tête d'un gouvernement minoritaire en octobre, est un conservateur bon teint, plus proche idéologiquement de George W. Bush que du démocrate Obama.

Mais depuis l'élection du nouveau président, il insiste sur le fait que compte tenu de l'étroitesse des relations entre les deux pays, la couleur politique de leurs dirigeants importe peu.

Le Premier ministre a d'ailleurs été l'un des premiers dirigeants étrangers contactés par M. Obama après son arrivée au pouvoir.

Récession de part et d'autre de la frontière oblige, M. Harper a dit s'attendre à ce que la situation économique domine leurs entretiens, avec une attention particulière au secteur automobile.

La survie des «Trois Grands» de Détroit est également une préoccupation au Canada, puisque ces constructeurs ont aussi de grandes usines en Ontario, le moteur économique du pays.

General Motors et Chrysler ont d'ailleurs jusqu'à vendredi pour présenter un plan pour ramener les coûts de leur main-d'oeuvre au Canada au niveau des usines américaines s'ils veulent obtenir une aide de 4 milliards de dollars (3,2 milliards USD) promise par les autorités canadiennes.

M. Harper s'est par ailleurs déclaré «inquiet» à propos de la clause controversée «Buy American» (Achetez américain) du vaste plan de relance de l'économie américaine adopté par le Congrès, tout en soulignant que le président Obama lui-même a dit «qu'il voulait s'assurer que les plans de relance ne conduisent pas à des mesures protectionnistes».

Au téléphone, il y a une vingtaine de jours, les deux dirigeants avaient aussi abordé «l'importance de l'environnement et l'énergie, de même que les dossiers internationaux, dont l'Afghanistan», selon le bureau de M. Harper.

C'est sur ces points que des frictions sont le plus susceptible d'apparaître entre les deux pays.

Barack Obama semble déterminé à faire prendre un tournant vert à l'économie américaine, alors que M. Harper est accusé par l'opposition et les écologistes de traîner les pieds.

Avant son élection, M. Obama a aussi annoncé son intention de réduire la dépendance de son pays envers le «pétrole sale», mais M. Harper lui a rappelé depuis que le Canada est la première source d'énergie et de pétrole des Etats-Unis.

Ottawa espère conclure avec Washington un «pacte continental» sur l'énergie et la lutte contre le changement climatique, mais «il n'est pas du tout évident que les deux gouvernements soient naturellement sur la même longue d'onde», dit Louis Bélanger, professeur de relations internationales à l'université Laval, à Québec.

Enfin, sur l'Afghanistan, M. Harper a indiqué qu'il ne prolongerait pas la mission des 2.700 militaires canadiens au-delà de 2011, même si le président Obama le lui demandait, une position que partagent 65% des Canadiens, selon un sondage récent de l'institut Angus Reid pour le magazine Maclean's.