Le président Barack Obama a lancé lundi l'ambitieux et difficile chantier visant à donner une couverture médicale à tous les Américains en nommant une nouvelle secrétaire à la Santé et en créant un poste de haut responsable chargé de la réforme.

M. Obama a annoncé avoir choisi Kathleen Sebelius, gouverneur du Kansas, pour diriger le secrétariat à la Santé, une administration responsable de grands programmes de couverture sociale, de la recherche médicale ou de la sécurité alimentaire.

M. Obama a nommé Nancy-Ann DeParle, une ancienne de l'administration Clinton qu'il a présentée comme l'une des expertes les plus éminentes sur la question, au poste nouveau de directrice du Bureau chargé de la réforme du système de santé à la Maison-Blanche.

M. Obama convoquera jeudi un «sommet» réunissant les parties prenantes à une réforme du système de santé et engagera l'effort pour tenir une de ses grandes promesses de campagne: donner une couverture médicale aux près de 50 millions d'Américains qui en sont dépourvus.

La réforme constitue un «impératif moral», mais aussi un «impératif budgétaire» pour l'État, a dit M. Obama en présentant Mmes Sebelius et DeParle.

Un million d'Américains ont perdu leur couverture médicale chaque année depuis huit ans et son prix, dans un système combinant les financements public et privé, cause une faillite toutes les 30 secondes en Amérique, a-t-il dit.

Mais c'est aussi un «danger grandissant» pour l'État: «La couverture médicale est l'une des dépenses qui augmentent le plus vite dans le budget fédéral, c'est une dépense que nous ne pouvons tout simplement plus supporter», a-t-il dit.

M. Obama a ainsi fait de la réforme du système de santé un élément central de son premier budget, qu'il a présenté jeudi. Il y a fait figurer un fonds de 634 milliards de dollars sur dix ans pour financer la couverture santé. L'administration indique qu'il s'agit là d'un acompte sur ce qui, selon un chiffre communément cité, pourrait revenir à mille milliards de dollars.

Mmes Sebelius et DeParle seront aux avant-postes de la réforme, que M. Obama compte financer par des augmentations d'impôts et plus de rigueur dans la gestion de l'argent public.

Mme Sebelius, gouverneur du Kansas depuis 2003, arrive avec de sérieuses références. M. Obama s'attend à ce que sa réforme provoque une vive bataille politique et il a relevé que Mme Sebelius, gouverneur démocrate dans un Etat républicain, incarnait un esprit de coopération avec ses adversaires. Il a aussi fait valoir son expérience des questions de santé.

Mme Sebelius a soutenu M. Obama tôt dans la course à l'investiture pour la présidentielle et son nom a été cité comme une possible colistière.

Elle n'est qu'un second choix à la Santé. Celui que M. Obama avait d'abord choisi, Tom Daschle, s'était désisté à cause d'une affaire d'impôts impayés.

M. Daschle n'aurait pas seulement été secrétaire à la Santé. Il aurait aussi dirigé le Bureau chargé de la réforme.

M. Obama a donc scindé les attributions.

La désignation de Mme Sebelius, qui devrait être confirmée sans difficulté par le Sénat, a quand même donné lieu à de farouches objections chez les adversaires républicains de M. Obama. Ceux-ci l'ont présentée comme une championne d'une fiscalité lourde alors que le budget de M. Obama se signale déjà selon eux pour un accroissement de la pression fiscale contrecarrant la reprise économique.