La Cour suprême de Pennsylvanie a blanchi des centaines de jeunes qui avaient été incarcérés entre 2003 et 2008 par deux juges corrompus ayant touché des pots-de-vin pour remplir des prisons privées, a-t-on appris de source judiciaire.

Les juges Mark Ciavarella et Michael Conahan du comté de Luzerne (Pennsylvanie) ont admis en février dernier avoir encaissé plus de 2,6 millions de dollars de la part de prisons privées en envoyant pendant des années de jeunes mineurs en détention ou en camps disciplinaires pour des délits sans rapport avec leur peine.

Au total, plus de 5000 adolescents ont été jugés coupables au cours de cette période par les deux juges qui opéraient dans une ancienne région minière pauvre à majorité blanche. Et plus de 2.000 ont été envoyés en détention, a précisé une porte-parole du Juvenile Law Center, Marie Roda, un organisme de défense des droits des jeunes.

La décision de la Cour suprême ordonne «d'effacer les casiers judiciaires d'un nombre substantiel» de dossiers, selon un communiqué de la Cour publié jeudi.

«Ces jeunes accusés, dont les casiers vont être lavés, ont été inculpés d'offenses mineures et de délits de très bas niveau», ajoute la Cour, soulignant qu'«en nombre tout à fait extraordinaire, ils ont été envoyés dans deux centres de détention juvéniles» par des juges qui recevaient «des pots-de-vin».

Le nombre exact de dossiers expurgés n'est pas définitif mais jusqu'à 1.500 cas sont concernés par cette première décision, a précisé à l'AFP un porte-parole des tribunaux de Pennsylvanie, Art Heinz.

Un juge spécial nommé par la Cour suprême en février a été chargé de réexaminer toutes les décisions des juges corrompus, qui condamnaient les jeunes souvent sans même l'assistance d'un avocat pour les défendre.

Il a été suivi par la Cour suprême en proposant dans un rapport de blanchir le premier groupe de jeunes, responsables de délits très mineurs, et il s'apprête à examiner les cas des délinquants plus sérieux, qui feront l'objet d'une décision ultérieure.

«La décision de ce jour n'est pas un replâtrage hâtif. Cela va prendre du temps, mais la Cour suprême est déterminée à redresser le tort qui a été fait à ces jeunes et leurs familles», a déclaré le président de la Cour Ronald Castille dans le communiqué.

Parmi les cas reçus en témoignage par l'association Juvenile Law Center, figurent ceux d'un jeune garçon envoyé 9 mois en détention pour avoir volé un flacon d'épices de noix de muscade d'une valeur de 4 dollars, d'un autre jeune condamné à 3 mois pour avoir volé de la menue monnaie dans une voiture ou encore celui d'un garçon de 13 ans envoyé en camp de redressement plusieurs week-ends pour avoir exploré un bâtiment désaffecté.