Les États-Unis, avec Barack Obama et ses alliés démocrates au gouvernail, voguent allègrement vers le socialisme, voire le communisme. Non, tout bien considéré, c'est le fascisme qui les guette, surtout après la démission forcée du patron de General Motors. Quoi qu'il en soit, il faut se préparer au pire, y compris l'apocalypse.

Ces opinions, aussi provocantes que virevoltantes, sont celles de Glenn Beck, nouvelle star de la chaîne d'information Fox News. À une heure ingrate - 17 h-, et après seulement deux mois et demi à ce poste, l'animateur de l'émission Glenn Beck attire en moyenne 2,3 millions de téléspectateurs, talonnant les vedettes de son propre réseau, les Bill O'Reilly et Sean Hannity, et éclipsant celles des chaînes rivales, CNN et MSNBC, qui s'adressent pourtant à leur public à des heures de grande écoute.

Quelle est la recette du succès de cet ancien disc-jockey originaire de l'État de Washington, qui s'est converti au mormonisme et au conservatisme après avoir baigné dans le catholicisme et consommé, de son propre aveu, beaucoup trop d'alcool et de marijuana?

Une recette connue

Réponse: des opinions à l'emporte-pièce proférées sur un ton populiste qui rappelle parfois celui d'Howard Beale, chef d'antenne disjoncté du film Network, un classique du cinéma américain. À cela, il faut ajouter, selon les circonstances, de bonnes doses d'humour, de pathos ou de paranoïa. Le tout ne manque pas d'inquiéter certains critiques des médias, qui accusent Beck d'exploiter les peurs et les préjugés d'une certaine Amérique. L'animateur de la chaîne HBO Bill Maher est même allé jusqu'à associer son discours antigouvernemental à celui qui aurait contribué à endoctriner Timothy McVeigh, responsable de l'attentat à la bombe d'Oklahoma City en avril 1995.

Mais Robert Thompson, spécialiste des médias à l'Université de Syracuse, refuse d'endosser ce point de vue alarmiste.

«Les émissions de radio ou de télévision comme celles de Glenn Beck peuvent-elles rendre furieux? Oui», dit-il au cours d'une entrevue téléphonique. «C'est l'une des raisons pourquoi elles ont des taux d'audience élevés. Elles divertissent. Sont-elles souvent un affront à ce que l'on pourrait normalement considérer comme une pensée rationnelle. Absolument. Mais j'hésite autant à mettre en cause Glenn Beck pour Timothy McVeigh que les concepteurs de jeux vidéo pour la tuerie de Columbine.»

Âgé de 45 ans, Glenn Beck n'est pas un nouveau venu dans le monde des médias américains. Depuis 2000, il anime une émission de radio quotidienne, The Glenn Beck Program, qui est diffusée aujourd'hui par plus de 280 stations aux États-Unis. Déjà multimillionnaire, il a fait ses premiers pas à la télévision en 2006 sur la chaîne Headline News, petite soeur de CNN.

Sur Fox News, il semble avoir décidé de jouer à fond sur la carte du patriotisme, ayant récemment lancé le «Projet 12/9» dans lequel il invite les téléspectateurs à renouer avec l'esprit qui les animait au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001.

«Je m'excuse», a-t-il dit, la larme à l'oeil, en présentant son projet aux téléspectateurs, le 12 mars dernier. «J'aime mon pays et j'ai peur pour lui.»

La sincérité des larmes (fréquentes) de Glenn Beck ne convainc pas tout le monde. Ainsi, cette semaine, l'animateur Stephen Colbert, de la chaîne Comedy Central, a imité Beck dans un topo se voulant satirique. «Je m'excuse», a-t-il dit en faisant semblant de retenir ses larmes. «J'aime la santé mentale de Glenn Beck et j'ai peur pour elle.»

L'animateur de Fox News, de son côté, demande à ses critiques de ne pas le prendre trop au sérieux, se décrivant comme un «clown de rodéo» dans une entrevue au New York Times. Et d'ajouter : «Je le répète en ondes tout le temps : «Si tu considères ce que je dis comme parole d'Évangile, tu es un idiot».»