À la façon des révoltés de Boston en 1773, mécontents des impôts de l'Empire britannique, des adversaires de la politique fiscale et de relance de Barack Obama ont protesté de façon virulente mercredi aux États-Unis en rejouant la «Tea party» du port du Massachusetts.

À Washington, près d'un millier de personnes, selon les organisateurs, ont protesté sous la pluie devant la Maison-Blanche contre la politique économique du président américain, rappelant l'attaque d'un navire à Boston en 1773. Au cours de cette attaque, la cargaison de thé du navire fut jetée dans le port en signe de protestation contre les taxes imposées par les Britanniques, un épisode phare de l'Indépendance américaine.

Entonnant l'hymne national, des chants patriotiques et des prières, des sachets de thé à la main ou en pendentifs, les manifestants brandissaient des banderoles: «Obama et sa bande de voleurs: voilà les actifs toxiques de l'Amérique», «Les impôts, c'est de la piraterie», «Pour la première fois de ma vie, j'ai peur de mon gouvernement».

Plusieurs «Tea parties» étaient organisées à travers le pays en ce 15 avril, date-butoir pour remettre sa déclaration d'impôts aux États-Unis.

À New York, sur Staten Island, une centaine de personnes agitaient des banderoles contre les impôts tandis qu'à Boston, quelques dizaines de manifestants s'étaient regroupés. Des actions étaient également prévues en Californie, notamment dans le port de Santa Monica à Los Angeles.

Il était prévu que des sachets de thé soient symboliquement jetés en masse.

Mais à Washington, au square Lafayette qui fait face à la Maison-Blanche, les autorités ont interdit que les manifestants déposent des cargaisons de sachets de thé. «Nous les avons entreposés dans un immeuble, nous en avons un million, les gens peuvent venir les voir», a expliqué l'un des organisateurs, Andrew Lager, président du groupe conservateur Institute of Freedom.

Il a enjoint la foule à appeler et envoyer des messages électroniques à la Maison-Blanche, au Trésor, aux services du fisc et au Congrès en signe de protestation.

«Je veux qu'ils arrêtent de jeter mon argent par les fenêtres. Nous trouvons, comme les révoltés des Treize colonies (américaines, au XVIIIe siècle), que nous n'avons pas voix au chapitre», a expliqué Marilyn Henretty, 70 ans, collier et boucles d'oreilles faits de sachets de thé. «Ce n'est pas américain», résume cette retraitée républicaine.

Barack Obama a défendu mercredi sa politique économique, reconnaissant lors d'une rencontre avec des travailleurs à la Maison-Blanche que «la date du 15 avril n'est pas la date préférée de qui que ce soit» et arguant que son administration «avait pris de vastes mesures pour accorder des réductions d'impôts aux Américains qui en ont besoin».

Les démocrates critiquent ces manifestations comme étant de faux évènements populaires organisés par les républicains.

«Est-ce que nous sommes un mouvement de la base?», rétorque Andrew Lager à la tribune. «Oui», hurle la foule, agitant des banderoles où les lettres du nom d'Obama sont déclinées ainsi: «One Big Awful Mistake America» (Une grosse bêtise pour l'Amérique).

Pour Dick Armey, le président du groupe conservateur Freedom Works, ces manifestations sonnent «comme un avertissement alors que les contribuables se défendent seuls contre les dépenses incontrôlées du gouvernement».

Eric Odom un autre organisateur est convaincu que cette initiative va faire naître un nouveau mouvement républicain capable de s'opposer aux réseaux bien organisés des supporteurs d'Obama et qu'«une nouvelle énergie va se répandre à travers le pays».

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Photo: AFP