Le président Barack Obama a invoqué des «circonstances exceptionnelles» pour défendre contre les critiques sa décision de rendre publiques des notes rendant compte des méthodes employées par la CIA pour faire parler les terroristes sous l'administration Bush.

M. Obama, qui s'était rendu au siège de la CIA à Langley, près de Washington, a aussi assuré au personnel de la grande agence de renseignement qu'il avait son «soutien total» et qu'il ferait tout pour protéger l'identité et la sécurité de ses membres.

Au même moment, un examen attentif de ces notes internes mettait au jour de nouveaux détails extraordinaires sur le recours à ces méthodes dénoncées comme des actes de torture par leurs détracteurs: par exemple le fait que le «cerveau» présumé des attentats du 11-Septembre, Khalid Cheikh Mohammed, avait été soumis 183 fois à la simulation de noyade en mars 2003, et qu'un autre membre d'Al-Qaïda, Abou Zoubaydah, l'avait été à 83 reprises en août 2002.

«J'ai agi en premier lieu à cause des circonstances exceptionnelles qui entouraient ces notes internes», a dit M. Obama au siège de la CIA. Il a invoqué le fait que son administration faisait face à une procédure judiciaire d'une grande organisation de défense des libertés et qu'il serait «très difficile de monter un système de défense efficace» contre elle. Il a aussi invoqué le fait que, selon lui, une grande partie de l'information contenue dans ces notes internes était déjà sur la place publique.

Les quatre notes internes donnent la vision la plus détaillée à ce jour d'un programme sur lequel l'administration Bush s'employait à garder le secret.

La publication de ces notes a donné lieu à des critiques des défenseurs et des opposants à ces techniques d'interrogatoire autorisées après les attentats du 11 septembre.

Les adversaires de ces méthodes ont reproché à l'administration Obama d'écarter la possibilité de poursuites contre ceux qui avaient procédé aux interrogatoires mais aussi contre ceux qui les avaient autorisés.

Leurs défenseurs se sont alarmés du risque que l'administration Obama ne lie les mains de la CIA, qu'elle ne crée un précédent et que des extrémistes n'exploitent cette décision. Une des grandes inquiétudes causées par cette affaire tient toujours à la protection des agents de la CIA contre la révélation de leur identité et les poursuites.

«Il faut que vous sachiez que vous avez mon total soutien», a dit M. Obama aux gens de la CIA.

Il a été chaudement applaudi à son arrivée.

Cependant, il a a reconnu qu'une inquiétude «compréhensible» s'était exprimée dans les discussions qu'il avait eues avec de hauts responsables de l'agence.

«Je me suis battu par le passé pour protéger la confidentialité des informations classées secrètes, et je continuerai à le faire à l'avenir. Et rien n'est plus important que de défendre l'identité des agents de la CIA», a-t-il dit.

L'ancien vice-président Dick Cheney, l'un des grands maîtres à penser des méthodes antiterroristes controversées employées sous l'administration Bush, a dit que ce qui le «dérangeait», c'était que l'administration Obama n'ait pas demandé la publication des notes montrant le succès de ces techniques.

Il vient donc de «demander formellement à la CIA de prendre des dispositions pour déclassifier ces notes» afin que «les Américains aient la possibilité de voir ce que nous avons obtenu, de voir ce que nous appris et de voir combien les informations recueillies étaient bonnes», a-t-il dit à la chaîne Fox News.