En choisissant de jouer la carte maman à fond, Michelle Obama est-elle en train de symboliser un nouveau personnage de la Cité : la femme qui cherche à amener des changements politiques, mais utilise son personnage de mère pour rendre ses demandes plus acceptables?

«Nous sommes très là-dedans, en ce moment, aux États-Unis», explique la journaliste Rebecca Traister.

«Les femmes peuvent choisir de demander toutes sortes de choses, mais si elles le font au nom de leurs enfants, cela met tout le monde plus à l'aise.»

Veronica Arreola, assistante-directrice du Center for Research on Women and Gender à l'Université de l'Illinois à Chicago, constate la même chose.

«Elles demandent ce qu'elles veulent, disons de meilleurs soins de santé, ou des congés de maladie payés, par exemple, mais au lieu de le demander comme femmes uniquement, elles le demandent comme mères, au nom de leurs enfants», explique-t-elle. «Le discours est alors beaucoup plus efficace quand il est présenté ainsi.» Mieux accepté.

Michelle serait-elle en train de se repositionner pour mieux relancer son activité sociale, en brandissant la caution maternelle ?

Les premières dames ont pratiquement toujours épousé des causes qui les concernaient comme mères, que ce soit la couverture universelle des soins de santé pour Hillary Clinton, la lutte contre la drogue chez les jeunes pour Nancy Reagan, l'alphabétisation pour Laura Bush.

Mme Obama, elle, a parlé d'aider les familles de militaires, d'oeuvrer pour une meilleure conciliation travail-famille.

Mais Mme Traister et Mme Arreola insistent : elles ne reprochent pas à Mme Obama son positionnement. En fait, elles constatent plutôt son habileté politique.

«Et puis je ne suis pas contre le fait qu'elle se proclame mom-in-chief, dit Mme Arreola. C'est tout un travail d'être une mère. Et elle fait un boulot fantastique à cet égard.»

Toutefois sommes-nous certains que Mme Obama, elle, est totalement satisfaite de son tournant maman à 100 %? De ce nouveau personnage d'épouse idéale? Elle qui avait une brillante carrière et gagnait même plus d'argent, jadis, que son mari.

«Rappelez-vous, indique Mme Traister, comment elle a réagi quand une jeune écolière, répondant à une question sur ce qu'elle voulait faire plus tard, lui a dit qu'elle voulait devenir première dame, comme elle. Mme Obama lui a répondu du tac au tac : «Tu sais, ça ne paie pas beaucoup.»»