Les Etats-Unis se préparaient lundi à une pandémie de grippe porcine, soupçonnée d'avoir causé près de 150 morts au Mexique, et même à des décès, selon les autorités sanitaires américaines qui ont dénombré 40 cas, sans apparente propagation de l'épidémie dans le pays.

La grippe porcine est «un sujet d'inquiétude», a reconnu le président américain Barack Obama devant l'Académie nationale des sciences. «Mais il n'y a pas de raison de s'alarmer», a-t-il assuré.

La secrétaire à la Sécurité intérieure Janet Napolitano a souligné pour sa part que les Etats-Unis «agissaient comme s'ils se préparaient à une pandémie».

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a d'ailleurs relevé lundi soir son niveau d'alerte à 4 sur une échelle de 6, soit «une montée en puissance significative» du risque de pandémie.

Les Etats-Unis, où 40 cas avérés ont été recensés lundi dans cinq Etats --28 à New York, 7 en Californie, 2 au Texas, 2 au Kansas et un dans l'Ohio-- ont déclaré dimanche l'état d'urgence sanitaire et un dépistage a été instauré aux frontières. Un seul de ces patients, âgés de 7 à 54 ans, a été hospitalisé.

Les voyageurs présentant des symptômes grippaux seront placés en isolement, a précisé Mme Napolitano, qui a appelé ses compatriotes à la vigilance et à respecter «des règles de bon sens» pour éviter la propagation de la maladie: éviter d'approcher les malades, porter un masque si l'on tousse, se laver les mains, ne pas aller au travail ni à l'école en cas de fièvre...

Le passage de 20 à 40 cas aux Etats-Unis n'est pas dû à une propagation de la maladie, mais à une meilleure détection, ont affirmé les autorités sanitaires qui vont distribuer 11 millions de traitements antiviraux issus des stocks fédéraux dans les Etats touchés. Le vaccin contre la grippe humaine saisonnière ne protège pas contre la grippe porcine.

Vingt-huit cas ont été confirmés dans une école privée de New York, a indiqué lundi le maire de la ville Michael Bloomberg. Dix-sept autres élèves sont probablement atteints.

Un 6e Etat est peut-être touché, avec un cas suspect détecté lundi dans le Michigan.

En Californie (ouest), qui partage avec le Mexique l'une des frontières les plus franchies au monde, un cas a aussi été identifié lundi dans une école près de Sacramento, sans que l'on sache encore si le jeune patient était déjà comptabilisé par les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

Cependant, le directeur des CDC, Richard Besser, a prévenu qu'il fallait s'attendre à des cas plus sévères, voire à des décès.

«Les gens doivent se préparer à l'idée que nous allons voir apparaître plus de cas graves dans le pays, et peut-être des morts», a-t-il ajouté.

«Le virus agit comme le virus de la grippe, il se propage de personne à personne», a-t-il averti, sans cacher son inquiétude.

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a exhorté les Américains voyageant au Mexique à la prudence et les CDC ont annoncé de «nouvelles mises en garde» aux voyageurs se rendant dans ce pays.

M. Obama est tenu régulièrement informé de la situation et a promis de faire de même avec les Américains.

Ses conseillers et le Trésor surveillent aussi de près l'impact de la grippe sur l'économie, a annoncé le porte-parole de la Maison Blanche Robert Gibbs. Wall Street et les cours du pétrole étaient déjà plombés lundi par la crainte d'une pandémie.

Quant au ministre de l'Agriculture Tom Vilsack, il a assuré que la filière du porc américain n'était pas en cause. Manger du porc cuit ne présente pas de risque de contracter la maladie.