L'ancien secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, assortissait régulièrement les comptes rendus du Renseignement destinés au président George W. Bush de passages de la Bible, révèle le magazine GQ.

M. Rumsfeld utilisait des photographies de soldats américains en Irak comme support à ces extraits bibliques pour se faire bien voir de M. Bush, selon le journaliste Robert Draper, auteur par ailleurs d'un livre sur la présidence Bush, «Dead certain», bien accueilli par les critiques à sa sortie.Des passages des Ecritures apparaissaient sur la première page des résumés réalisés par les services de renseignements préparés par le Pentagone pour M. Bush, un fervent chrétien «born-again» (re-converti), selon lui.

Le magazine GQ montre lundi sur son site l'un de ces documents, daté du 31 mars 2003, une photographie d'un char avançant dans le désert une dizaine de jours après l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis pour faire tomber le régime de Saddam Hussein.

En surimpression, un verset de l'Epitre de Paul aux Ephésiens: «C'est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et tenir ferme après avoir tout surmonté».

Les documents en question étaient si sensibles qu'ils étaient souvent remis au président Bush de la main à la main par Donald Rumsfeld, qui a été secrétaire à la Défense de 2001 à 2006.

Une autre image montrant des soldats américains arpentant le désert est accompagnée d'un passage du Livre d'Isaïe: «Leurs flèches sont aiguisées, leurs arcs sont tous tendus; les sabots de leurs chevaux sont durs comme le caillou; les roues de leurs chars pareilles à l'ouragan».

Draper précise que l'idée des passages de la Bible venait d'un directeur du renseignement travaillant sous les ordres de Rumsfeld, lui-même affichant moins ouvertement sa foi que George W. Bush. «Pour autant, l'habile association entre la froideur du renseignement et le sens religieux de la vertu porte une signature, celle de Donald Rumsfeld», commente Draper.

«Au moins un analyste musulman (du Pentagone) a été profondément offensé» et «d'autres ont exprimé en privé leurs craintes, si ces couvertures faisaient l'objet de fuites en pleine guerre avec un pays musulman, que la conséquence soit la même que pour les photos d'Abou Ghraïb» montrant les sévices et humiliations infligées à des Irakiens par des militaires américains, écrit encore le journaliste.