L'administration américaine a durci le ton mercredi contre la colonisation juive dans les territoires occupés, à la veille de la première rencontre entre le président Barack Obama et le leader palestinien Mahmoud Abbas.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui doit s'entretenir avec M. Abbas autour d'un dîner mercredi, a ainsi affirmé que le président Obama réclamait un gel de la colonisation israélienne, y compris de l'expansion «naturelle» des colonies défendue par le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu.

«Le président a été très clair quand il a rencontré le Premier ministre Netanyahu» le 18 mai, a déclaré M. Clinton à la presse.

«Il veut la fin de la colonisation: pas de colonies, pas de postes avancés, pas d'exceptions liées à la croissance naturelle», a ajouté Mme Clinton qui était interrogée au cours d'un point de presse avec son homologue égyptien Ahmed Aboul Gheit sur des propos de M. Netanyahu annonçant qu'il entendait poursuivre l'accroissement des colonies existantes en Cisjordanie.

Mme Clinton a ainsi exprimé la position la plus claire de la nouvelle administration américaine sur la colonisation israélienne depuis l'arrivée au pouvoir de M. Obama en janvier.

L'Autorité palestinienne a salué les déclarations de Mme Clinton, rappelant que l'arrêt total de la colonisation était prévu par la Feuille de route, le plan international au coeur des efforts de paix depuis 2003.

«J'espère que les Etats-Unis vont aussi mettre en place un mécanisme pour contraindre le gouvernement israélien de respecter ses engagements prévus par la Feuille de route, notamment l'arrêt total de la colonisation», a déclaré à l'AFP le négociateur palestinien Saëb Erakat.

Par ailleurs, la Maison Blanche s'est dite «optimiste» mercredi sur les chances de voir M. Abbas accepter une reprise des négociations avec Israël, réclamée par M. Netanyahu alors que l'Autorité palestinienne exige au préalable le gel de la colonisation.

Mme Clinton a affirmé que les Etats-Unis avaient des propositions «très spécifiques» à présenter aux deux parties pour relancer les négociations.

M. Aboul Gheit a averti lui qu'en l'absence de négociations «la situation risque de se détériorer dans cette partie du monde et nous serons tous --non seulement les peuples et les pays de la région mais aussi les Etats-Unis et le monde occidental-- dans une situation très difficile».

M. Abbas, arrivé mardi soir à Washington, a rencontré mercredi le président de la Banque Mondiale Robert Zoellick au siège de cette institution qui doit annoncer, jeudi, l'octroi d'une nouvelle aide de 55 millions de dollars à l'Autorité palestinienne, selon des responsables palestiniens.

Il s'est ensuite entretenu avec le sénateur démocrate Carl Levin et devait rencontrer en fin d'après-midi M. Aboul Gheit et le chef des services de renseignements égyptiens Omar Souleimane, présents à Washington pour préparer la visite de M. Obama début juin en Egypte où il prononcera un grand discours à l'adresse du monde musulman.

«Nous nous attendons à une intervention américaine active se traduisant par des pressions américaines sur Israël pour qu'il arrête la colonisation et les provocations et accepte une solution basée sur deux Etats», a déclaré à l'AFP le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina.

L'entretien à la Maison Blanche interviendra dix jours après celui qui a réuni M. Obama et M. Netanyahu au cours duquel les deux hommes ont étalé leurs divergences à propos de l'Etat palestinien que la communauté internationale veut voir aux côtés d'Israël.

Après la relance du processus de paix en novembre 2007 sous les auspices de Washington, M. Abbas et l'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert se sont rencontrés une vingtaine de fois mais les négociations, suspendues en décembre, n'ont enregistré aucune percée.