Un médecin pratiquant des avortements tardifs aux États-Unis et menacé de longue date par les mouvements hostiles à l'IVG, a été tué par balles dimanche dans une église du Kansas (centre), ont indiqué les autorités locales.

Le médecin, George Tiller, a été tué vers 10H00 locales (15H00 GMT) en entrant dans une église luthérienne de la ville de Wichita, où il venait assister au service dominical, par un homme qui a pris la fuite à bord d'une Ford de couleur bleue, ont indiqué la police et la mairie.

Les autorités ont annoncé l'arrestation d'un suspect trois heures après les faits, un homme blanc et chauve âgé d'une cinquantaine d'années, selon la chaîne de télévision ABC News.

Dans un communiqué diffusé par la Maison-Blanche, le président Barack Obama s'est dit «choqué et indigné» par le meurtre du médecin. «Aussi profondes que soient nos divergences, en tant qu'Américains, sur des questions aussi difficiles que l'avortement, elles ne peuvent se résoudre par des actes de violence haineux», a-t-il déclaré.

Le Dr Tiller, 67 ans, était l'un des très rares médecins à pratiquer des avortements tardifs aux États-Unis, c'est-à-dire des interventions effectuées alors que le foetus serait viable en dehors du ventre de sa mère.

Il a été régulièrement la cible des mouvements «pro-vie» qui organisent des manifestations devant sa clinique de Wichita.

En 1986, l'établissement avait été gravement endommagé par une bombe placée sur le toit du bâtiment. En 1993, le médecin lui-même avait été blessé par des coups de feu aux bras par un agresseur qui avait été arrêté puis condamné à 11 ans de prison.

Lui-même poursuivi par la justice pour avoir pratiqué 19 avortements «illégaux» en 2003, le médecin avait été acquitté en mars dernier. Dénonçant une «chasse aux sorcières», il avait expliqué qu'il était sous la protection du FBI depuis la découverte en 1994 d'une liste de personnes à abattre dont il occupait la tête.

Il avait précisé qu'il dirigeait l'une des trois cliniques qui pratiquent des interruptions de grossesse tardives aux États-Unis. Ces interventions sont légales au Kansas si deux médecins indépendants certifient que la mère risque des problèmes de santé irréversibles lors de l'accouchement.

Le Dr Tiller était accusé d'être lié financièrement au médecin qui donnait la deuxième opinion.

Le drame de Wichita survient alors que le président Barack Obama a appelé il y a deux semaines les tenants du droit à l'avortement et leurs adversaires à trouver un «terrain d'entente», dans un discours prononcé dans une université catholique qui a été considéré comme une provocation par certains milieux «pro-vie».

S'efforçant de déminer un des sujets les plus délicats de la vie politique américaine, M. Obama a prôné le respect du droit à l'avortement tout en suggérant de faire le maximum pour éviter les grossesses non-désirées.

L'actuelle ministre de la Santé, Kathleen Sebelius, avait été critiquée par les «pro-vie» pour ses liens avec le Dr Tiller alors qu'elle gouvernait l'État du Kansas.

Selon un récent sondage de Gallup, les Américains se définissent désormais plus majoritairement (51%) comme «anti-avortement» que l'inverse (42%).

La question du droit à l'avortement devrait figurer en bonne place au Sénat dans la procédure de confirmation de Sonia Sotomayor, une juge désignée par M. Obama pour siéger à la Cour suprême.