Le président Barack Obama défend l'idée d'une assurance maladie publique qui serait l'une des grandes nouveautés de l'ambitieux et difficile projet de réforme du système de santé, indique une lettre publiée mercredi par la Maison Blanche.

Au moment où M. Obama est engagé dans un vaste effort pour faire adopter une telle réforme avant la fin de l'année, la Maison Blanche a rendu publique un courrier détaillant comment il compte parvenir à ses fins et tenir la promesse d'offrir la chance d'une couverture santé aux 46 millions d'Américains (environ 15% de la population) qui en sont dépourvus.

«Je crois fermement que les Américains devraient avoir l'option d'une assurance de santé publique qui coexisterait avec les assurances privées», dit-il.

«Cela signifiera pour eux un choix plus étendu, un marché de l'assurance maladie plus concurrentiel, et des compagnies d'assurance honnêtes», a-t-il justifié.

Le système de santé américain est pour une grande part entre des mains privées. Les Américains qui ont une assurance maladie la tiennent souvent de leur employeur. D'autres encore sont couverts par un programme public spécifique selon des critères rigoureux (pour les personnes âgées, les handicapés, les anciens combattants...). Mais il n'existe pas de système universel.

La création d'une couverture maladie universelle est une énorme pomme de discorde politique aux Etats-Unis.

L'ancien président Bill Clinton avait chèrement payé son échec dans ses efforts de réforme de l'assurance maladie au début de sa présidence.

Pour M. Obama, avec la confiance dont il jouit actuellement, c'est peut-être le moment ou jamais parce que sa tâche serait beaucoup plus compliquée en 2010, année électorale.

Mais la création d'une assurance maladie publique l'expose aux attaques de ses adversaires républicains, hostiles à une «socialisation» de la santé.

M. Obama semble vouloir se préserver de ces attaques en se gardant de parler de couverture «universelle», évoquant même des «exemptions».

L'effort de réforme passe par une loi à laquelle travaillent actuellement les parlementaires. M. Obama note que l'un des principes qu'ils semblent devoir retenir est celui d'une «responsabilité partagée», en vertu duquel chaque Américain serait «responsable» de son assurance maladie, et les employeurs participeraient aux frais.

M. Obama se dit «ouvert» à cette idée, mais il faut prévoir des exemptions pour les Américains qui ne peuvent assumer leur propre assurance et les petites entreprises qui ne peuvent participer aux frais, dit-il.

Selon des parlementaires, M. Obama voudrait voir la loi votée séparément dans les deux chambres avant les vacances parlementaires d'août, et définitivement adoptée en septembre, pour la promulguer en octobre.

Un autre sujet de querelle devrait cependant résider dans le financement par l'Etat de l'extension de la couverture maladie, et une possible augmentation des taxes.

Pour M. Obama, la réforme de l'assurance maladie est aussi rendue essentielle par l'augmentation constante et «intenable» des frais de santé pour les particuliers, les entreprises et les pouvoirs publics, au moment où l'Etat se débat avec des déficits records.

«Sans réforme significative, selon certaines prévisions, un cinquième de notre économie (du produit intérieur brut) devrait être immobilisé par notre système de santé dans 10 ans», a-t-il dit.