Les interrogatoires musclés de la CIA «ont sauvé des vies et prévenu des attentats terroristes», a affirmé mardi l'ancien vice-président américain Dick Cheney, s'insurgeant contre l'ouverture d'une enquête criminelle sur les techniques employées contre les suspects de terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001.

Ceux qui ont mené ces interrogatoires «méritent notre gratitude» plutôt que d'«être les cibles d'enquêtes politiques ou de poursuites judiciaires», a ajouté l'ex-vice-président du républicain George W. Bush dans un communiqué. Pour lui, la décision du ministre de la Justice de Barack Obama doit rappeler «si c'était nécessaire pourquoi tant d'Américains ont des doutes sur la capacité de ce gouvernement à être responsable de la sécurité de notre pays».

À l'inverse, le sénateur démocrate Patrick Leahy, président de la commission judiciaire au Sénat, a estimé que les révélations de lundi sur les méthodes d'interrogatoire brutales de la CIA «illustraient les périls de la sombre pente de l'excuse de la torture que l'administration Bush a fait prendre à ce pays» (les États-Unis).

Les interrogateurs, a-t-il déclaré dans un communiqué, «ont franchi les limites légales déjà floues que leur avait fixées l'administration Bush dans les mauvais mémos du Bureau du conseil juridique qui excusaient l'utilisation de techniques coercitives d'interrogatoire».

Après la publication lundi d'un rapport déclassifié de la CIA et confirmant que des méthodes illégales et assimilables à de la torture ont été employées contre des terroristes présumés, le ministre de la Justice Eric Holden a annoncé l'ouverture d'une enquête criminelle préliminaire sur les interrogatoires menés par les agents de la CIA et des sous-traitants dans la «guerre contre le terrorisme» de l'ère Bush (2001-2009).

L'enquête est confiée à un procureur expérimenté, John Durham, déjà chargé du dossier de la destruction par la CIA d'enregistrements vidéo d'interrogatoires.

Le président Obama, qui selon son entourage préfère «regarder devant lui et non revenir sur le passé», a par ailleurs décidé que les interrogatoires suivraient désormais des règles strictes. Il a approuvé la création d'une unité d'interrogateurs issus de diverses agences du renseignement et de la sécurité, l'HIG, qui sera placée sous la direction du FBI et supervisée par son propre conseiller à la sécurité nationale.