La gauche américaine a promis mercredi d'honorer la mémoire du sénateur Edward Kennedy, décédé à l'âge de 77 ans, par l'adoption de la réforme de la couverture maladie du président Barack Obama, qui fait l'objet de difficiles tractations au Congrès.

L'héritier de la prestigieuse dynastie a rendu l'âme un an jour pour jour après avoir pris la parole lors d'un émouvant discours devant la convention démocrate qui devait investir Barack Obama dans la course à la Maison-Blanche.

Quelques mois après l'annonce de son cancer du cerveau, Ted Kennedy en avait profité pour rappeler que la réforme du système de santé était «la grande affaire de (sa) vie».

Au Sénat depuis 1962, le frère du président assassiné présidait la Commission chargée de la santé. Sa disparition fait perdre une défenseur éloquent et une voix précieuse à l'administration Obama, qui ne peut plus compter que sur une majorité de 59 voix sur 100 au Sénat pour faire passer la réforme au coeur du programme présidentiel.

Le successeur du sénateur du Massachusetts ne devrait pas siéger avant le début de 2010, or M. Obama espère faire adopter sa réforme à l'automne.

Une majorité de 60 voix est indispensable dans le système américain pour empêcher l'opposition de bloquer indéfiniment l'adoption d'un texte. Mais la réforme, qui vise à offrir une couverture maladie aux quelque 47 millions d'Américains qui en sont dépourvus, suscite des divisions au sein même de la famille démocrate, dont l'aile droite s'inquiète du coût pour les finances publiques.

Malgré tout, les démocrates espèrent que l'émotion suscitée par la mort du dernier des frères Kennedy va ressouder les rangs.

«Le rêve de Ted Kennedy d'un système de santé de qualité pour tous les Américains s'accomplira cette année grâce à son rôle d'entraînement et à l'inspiration qu'il a suscitée», a promis la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, après l'annonce de la mort du sénateur démocrate.

«Il voudrait que nous redoublions d'efforts pour y arriver», a estimé le représentant démocrate David Obey.

«Aujourd'hui, nous reprenons le flambeau et nous engageons à nouveau pour la réforme de la santé», a déclaré son collègue Chris Van Hollen.

Robert Byrd, doyen du Sénat, a suggéré que la loi en préparation porte le nom de Ted Kennedy. Alors que le projet de loi suscite la vindicte d'une bonne partie des républicains, dont certains parlent de réforme «nazie», il a appelé à la fin des insultes et à un débat «civilisé».

Ted Kennedy avait souvent cherché à réunir un consensus dans ce débat en tendant la main à ses adversaires républicains.

Son collègue John McCain, l'adversaire de Barack Obama à la présidentielle de 2008, avait, avant même le décès du sénateur, estimé que ses absences à répétition ces derniers mois pour cause de maladie compliquaient la recherche d'un consensus à la chambre haute.

«Nul n'est indispensable dans cette institution, mais Ted Kennedy est pratiquement indispensable parce qu'il a une manière à lui de faire les bonnes concessions lorsque les deux partis sont autour de la table», avait observé M. McCain dimanche à la télévision.